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Courir Un Trail est là pour montrer que tout le monde est capable d’effectuer de grandes choses, même si cela paraît impossible dans un premier temps.. Benoît Millet est un excellent exemple.
Voilà comment monsieur tout le monde et pas sportif pour un sou finit par courir des marathons… et rêve de bien plus !
Je vous invite à travers cette interview touchante à laisser vos peurs de côté pour laisser votre soif d’aventure se manifester, ne serait-ce que quelques instants…
Et comme d’habitude, vous pouvez télécharger le podcast en haut de cette page, regarder en vidéo, ou lire la retranscription.
Bonjour Benoît,
Notre rencontre était un peu particulière, car je t’ai rencontré au détour d’un commentaire sur un réseau social. Tu as piqué ma curiosité, et quand j’ai voulu en savoir plus, tu m’as dit que le mot sport pour toi ne voulait rien dire il y a même pas deux ans. Et lorsque tu as essayé de courir la première fois, tu as pu faire 900m…
Aujourd’hui, deux ans plus tard, tu as fini ton premier marathon, deux autres de prévus avant la SaintéExpress (44km, 1400m+ ), et un jour tu comptes faire la Saintelyon en intégral (81km, 2100m+ ). Aujourd’hui, si tu es là, c’est grâce à quelqu’un… C’est bien ça ?
Benoît Millet :
Oui, c’est exactement ça. C’est grâce à trois personnes. D’abord, Francky et Philippe, des collègues de boulot, qui m’ont mis non pas le pied à l’étrier, mais dans des baskets. C’était au sortir d’une maladie qui m’avait cloué au lit pendant 3 mois. J’avais pris du poids. Ils m’ont proposé de courir ,ce que je ne savais pas faire. Mais j’ai eu envie de les suivre.
J’ai fait les premiers 900 mètres au bout desquels je me suis effondré, complètement crevé.
Petit à petit, on a augmenté.
1km… et puis 2…
Avant de réaliser un premier rêve : le tour du lac de Nantua, dans l’Ain, à côté d’où je travaille. 6 km. Je l’ai fait en 1h30.
C’est un temps très mauvais, mais j’étais fière d’y arriver. Et puis, on a eu l’occasion de se présenter à un premier trail, le Trail des Princes en foulées, dans l’Ain. Pas sûr que je fasse les 18Km.
Mais lorsque je suis arrivé au bout, ils se sont dit : lui, il a du potentiel, son mental ne lâche pas.
La troisième personne est mon professeur de boxe, et l’un de mes patrons au boulot; Il m’avait mis à la boxe en me disant que c’était un bon complément de cardio pour la course à pied.
L’année dernière, il m’a dit, je t’ai vu courir, je pense que tu es prêt pour un marathon…
En fait, il a eu confiance en moi avant moi. J’ai donc relevé le défi.
Avant, tu faisais déjà du sport ?
Benoît Millet :
Ah non, pas du tout. Rien que le mot me fatiguait. Lorsque que je me suis présenté à mon premier marathon, j’ai repensé à mon prof de sport de terminal qui m’avait viré de cours tellement j’étais mauvais. Du coup, je suis resté pendant 20 ans avec cette idée que le sport n’était pas fait pour moi, que je n’aimais pas ça et que j’étais mauvais.
C’était vraiment une pensée qui était ancrée. Une pensée qui s’est révélée être fausse. C’est ça ?
Benoît Millet :
Ce n’était pas vrai. Il fallait juste trouver la personne qui allait me lancer, avoir confiance en moi et que me dire que j’étais capable d’aller plus loin. Non pas me mesurer à des grands sportifs, mais me mesurer à mes propres efforts et aller au bout de moi-même.
La première compétition que tu as faite, c’était un trail de 18km ?!
Benoît Millet :
C’est ça.
C’est loin d’être une entrée en douceur dans le monde de la course à pied !
Benoît Millet :
Effectivement. On avait réussi tous les trois à faire une fois 18km. On s’est dit qu’on pouvait essayer, c’était pas loin de chez nous. On essaye et on s’arrête quand on ne pourra plus.
Dans ma tête, en courant, c’était “je m’arrêterais à la ligne d’arrivée, pas avant”.
J’ai fini sur la jante, c’est sûr, mais j’étais fière d’y arriver. Et mes collègues étaient encore plus fières. ils n’auraient pas parié 10 balles sur le fait que j’irai jusqu’au bout.
Quelle est ta routine d’entraînement ?
Benoît Millet :
En ce moment, je suis en préparation de marathon. Je viens d’en terminer un à Lyon, et j’en prépare un pour le mois prochain. En période de marathon, je m’entraîne trois fois par semaine. 2 fois 15km et 1 fois 30. En parallèle, j’ai les cours de boxe et un peu de natation pour détendre entre deux entraînements.
Pour ton entourage, il y a du avoir un choc, entre le Benoît non sportif, et maintenant, le nouveau Benoît qui fait de la course, de la boxe, de la natation…
Benoît Millet :
C’est sûr, il y a eu un choc. Que ce soit dans ma famille proche ou dans mon couple, le sport n’est pas du tout une tradition. Je n’ai pas donné cette habitude.
Avant le sport, je faisais 15kilos de plus. Je me suis affiné, je me suis pris au jeu et j’ai eu la chance que mon entourage a su découvrir avec moi et respecter mes engagements, et surtout accepter, et c’est pour cela que je suis le plus reconnaissant, accepter mes absences. Car quand je pars pour 30km, cela fait quasiment une demi-journée. On cale l’agenda tous ensemble en fonction de mes courses. J’ai beaucoup de chance.
Au début, ton entourage n’avait pas peur ?
Benoît Millet :
Si !
Notamment ma mère : attention, c’est dangereux, tu en as pas fait beaucoup, il faut être raisonnable…
Ils considéraient le sport comme quelque chose d’un peu fou pour des gens un peu marteaux, et n’imaginait pas que cela pouvait faire du bien, que cela permet d’améliorer plein de choses, jusqu’au mental.
Aujourd’hui, ils m’encouragent tous. Ils sont là pour les grandes courses. J’en suis heureux !
Génial. Pour toi les limites sont avant tous dans la tête ou dans le corps ?
Benoît Millet :
Pour moi, les limites ne peuvent être que dans les deux. D’abord, sans la tête, les entraînements peuvent être limités. Un dimanche matin, c’est l’hiver, il pleut, sans le mental on ne part pas. Dans un marathon au 25e km, quand le corps dit stop, s’il n’y a pas le mental, tout s’arrête.
Mais il ne faut pas oublier le corps. C’est important de savoir l’écouter. Savoir s’arrêter. Mon entraîneur de boxe me dit toujours : ton corps te parle, écoute-le.
Dans la boxe, cela doit être très présent. La boxe est très physique, mais aussi très mentale…
Benoît Millet :
C’est très mental. La moitié d’un affrontement, c’est du mental. Et l’autre moitié, c’est un corps qui a fallu entraîner mais aussi respecter. A trop forcer on risque la cassure, physique, mais aussi mentale. C’est un équilibre à respecter.
Tu conseillerais la boxe comme complément ?
Benoît Millet :
Je pense que c’est bon.
Il y a beaucoup de cardio dans les cours de boxe. Par chez moi, il y a 40 minutes de cardio avant d’enfiler les gants. Je m’aperçois que cela m’a beaucoup aidé à progresser, car ça muscle tout le corps, et pas seulement les jambes. C’est important de muscler le tout. Et ça forge aussi le mental, quand il faut s’affronter, affronter quelqu’un, oser… C’est important pour le mental.
C’est très bon la boxe pour ça, comme d’autres sports.
Trois mots, concepts qui te guident aujourd’hui ?
Benoît Millet :
Le premier, c’est l’envie. J’ai découvert après la nécessité de faire du sport, l’envie. C’est quelque chose qui me surprend encore après deux ans, j’ai envie d’aller courir. On me montre une photo d’un paysage, j’ai tout de suite envie d’aller courir pour le découvrir.
Le deuxième, c’est le défi. Je me lance de plus en plus de défi sportif. Aujourd’hui ,c’est le marathon. La prochaine fois, ce sera la Saintelyon. Ensuite, je rêve des 100km de Millau. Je ne sais pas ou je m’arrêterait. Mais rien que l’idée d’affronter un défi, je trouve ça génial.
C’est quelque chose qui a beaucoup changé dans ma personnalité et mon caractère. Je n’étais pas un homme de défi au départ. Et je le suis devenu grâce au sport;
Je pense toujours à cette phrase : tout le monde pensait que c’était impossible, il s’est trouvé un imbécile qui ne le savait pas et qui l’a fait.
Et je crois que l’imbécile dans l’histoire, c’est moi. Je me suis lancé dans des trucs sans être sur d’y arriver, et j’y suis arrivé. Et ça, c’est complètement dingue.
L’envie, le défi…
Benoît Millet :
Et l’idée de se dire que c’est parce qu’on croit que c’est impossible qu’on n’y arrive pas; Il faut aller au-delà.
Si maintenant, tu pouvais rencontrer la personne que tu étais il y a deux ans. Quel conseil aimerais-tu te donner ?
Benoît Millet :
Vas-y, ose !
Ce que j’ai découvert dans le sport, c’est d’oser.
Il a fallut que j’ose pour me présenter à ma première course, il a vraiment fallu que j‘ose pour me présenter au marathon.
Vas-y ose, tu en es capable, n’écoute pas les autres. Et deviens ce que tu es au fond de toi, tu trouveras un bien-être complètement dingue.
C’est très émouvant pour moi de le dire. Quand je me rencontre de tous le parcours que j’ai fait, je n’aurais pas parié 10 balles à l’époque. Ça m’a complètement transformé jusque dans mon caractère, ma façon d’être, ma façon de travailler… C’est une transformation complète.
As-tu une personne célèbre qui t’inspire ?
Benoît Millet : Un personnage, oui. Je vais lui rendre hommage au marathon du Beaujolais, c’est Forrest Gump. Il est parti courir droit devant, sans se poser de question. Il a osé sans être sûr d’y arriver. Le Marathon du Beaujolais propose qu’on se déguise, je serai donc en Forest Gump. Et j’aurais un t-shirt avec écrit au dos : Cours Forest.
Très bon choix ! Pour finir, as-tu un livre à conseiller ?
Benoît Millet :
Un livre qui n’a pas forcément de rapport avec le sport, mais qui m’a toujours motivé dans la vie et dans les rapports humains. C’est Oscar et la dame rose, de Pierre-Emanuel Schmidt.
C’est l’histoire d’une infirmière qui accompagne un petit enfant en train de mourir.
En lisant ce bouquin, on aperçoit qu’au-delà des apparences, au-delà des drames et des douleurs qu’on peut rencontrer, il y a toujours une pépite d’humanité, un coin d’amour et de tendresse à recevoir et à donner.
Et peut-être que dans le sport, il y a ça aussi. Cette petite pépite d’humanité qui fait croire à un type qui ne ressemble à rien qu’un jour, il pourra aligner trois marathons dans l’année.
J’ai eu cette pépite d’humanité, j’ai eu la chance de la recevoir, et j’espère qu’un jour, je pourrai la donner.
Merci pour ce témoignage. On sent l’émotion… Et puis, ce ne doit pas être facile de se livrer de cette manière…
Benoît Millet :
Ce n’est pas facile, car je n’en ai pas l’habitude.
Ce n’est pas facile, car même après deux ans, je crois que je n’en reviens toujours pas de ce que je peux faire, de ce que je suis devenu. Encore après l’arrivée du marathon de Lyon, je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater en sanglots. C’est totalement dingue. Tout ce qui m’arrive, et tout le bien-être que je découvre là-dedans.
Quand je regarde celui que je suis devenu, j’ai envie de me dire : Wouah, c’est juste impressionnant. C’est magique ce que je vis, c’est magnifique.
Merci beaucoup ! Je te souhaite beaucoup de bonnes découvertes, et de pouvoir aller encore plus loin dans ton exploration…
Les courses mentionnées :
Si Benoît vous a inspiré, vous êtes totalement libre de continuer à puiser votre motivation parmi ces autres interviews, comme celle de CrocsMan, Bruno Redon, Christian Harberts, Joan Roch, Florian Gomet… entre autre !