L'apprentissage de la perfection, par Tal Ben-Shahar

Tu as échoué ? Félicitations !

Vous voulez augmenter votre taux de réussite ? Doublez votre taux d’échec. Thomas J.Watson, cité dans L’apprentissage de l’imperfection de Tal Ben-Shahar

L’une des fois où j’ai échoué…

Marathon du vignoble alsacien, 2018. C’est un marathon festif, où on peut courir au côté des schtroumpfs, des nonnes, d’Astérix, de Pamela en maillot de bain entre autres… Les ravitaillements sont, au choix, sportifs ou gastro-viniques (avec tartes flambées et dégustation de vin). Dans le sas de départ, c’est un sacré bazar avec tous ces énergumènes déguisés. C’est mon deuxième marathon. Je me sens plutôt bien, après un mois de repos suite à un trail éprouvant de 32km et de 1650m+. Ayant eu une douleur au genou après ce trail lorsque j’ai à nouveau couru, je me suis offert un petit mois sans course à pied. De toute manière, dès que j’essayais, mon genou droit me grattouillait sur l’extérieur. Repos. Je suis donc là dans le sas, en forme et bien reposé. Le départ est donné, je m’élance sans trop traîner, pour trouver ma place dans le peloton. 42km, il ne devrait pas y avoir de surprise : ce sera dur, mais j’y arriverai. 2ème km, la douleur commence à se faire sentir. Je vérifie ma posture, mes appuis : je suis bon. Ce n’est pas le moment de douter, j’accepte la douleur, je m’en occuperai à la fin de la course. Ce qui compte, c’est d’avancer. Cependant, le 2ème km, c’est quand même vachement prématuré. Vous pouvez imaginer la suite… À la moitié du parcours, au 21km, je m’arrête, ce n’est pas la peine de continuer. La douleur n’a fait qu’empirer, la course devient impossible, et la marche difficile. Le lendemain matin, je ne peux pas marcher. Direction les urgences, un verdict tombe, sans certitude : une tendinite du fascia-latta, autrement dit, le syndrome de l’essuie-glace, bien connu des coureurs, à cause des mouvements répétitifs, avec mauvaises contraintes biomécaniques.

Et ce que j’en ai fait…

J’ai deux choix possibles :

  • me lamenter et accepter mon sort en arrêtant la course à pied (et en y revenant de temps en temps pour être à nouveau bloqué)
  • Me regarder en face, trouver ce qui ne va pas, et prendre les mesures qui s’imposent.

Évidemment, ce serait plus simple de se dire que la course à pied n’est pas pour moi. Mais le plus enrichissant est d’accepter avec humilité que je me sois trompé dans mes expérimentations. J’ai manqué de progressivité (le mois d’arrêt n’était pas une bonne idée, et surtout, le 32km était de trop au vu de ma préparation). Alors, après une séance chez l’ostéopathe, je décide de reprendre progressivement. Vraiment progressivement. 5 minutes par jour, 5 fois par semaines. Et chaque jour, je rajoute une minute de course. Progressivité, régularité. Et une attention particulière à la pose de mon pied et de mon genou. J’en suis à 40 minutes par jour, je n’ai plus de douleurs. Je suis content d’avoir eu cette douleur au marathon. Mon corps m’a fait comprendre que j’ai fait des erreurs. Et le plus tôt, c’est le mieux. L'apprentissage de la perfection, par Tal Ben-Shahar : vive les échecs ! L’échec n’est pas un mal. L’échec n’est pas une erreur de parcours. L’échec n’est pas opposé à la réussite. L’échec est ce qui permet le succès. Je ne dis pas que l’échec est agréable. Une course manquée, 50€ dépensés pour souffrir, un dimanche de pris… Sans compter le lundi aux urgences. Mais voilà, l’échec fait partie de la vie. Pour apprendre à marcher, il faut tomber. Pour avoir une chance de sortir avec quelqu’un, il faut oser – et se prendre des râteaux. Fuir l’échec, qu’importe le domaine, c’est être perfectionniste. Le perfectionniste est coincé : condamné à être toujours parfait, ou à ne pas agir, par peur de rater. Le perfectionniste se remarque par le refus de l’échec, le refus des émotions douloureuses et le refus de reconnaître la réussite. Autrement dit, le refus de la réalité. Pour réaliser notre potentiel, nous avons besoin d’échouer.

Une alternative au perfectionnisme

Vouloir fuir les échecs, c’est donc nier la vie, nier la réalité.  Tal Ben-Shahar, dans son livre l’apprentissage de l’imperfection, propose la figure de l’optimaliste, pour contrer le perfectionniste qui sommeille en nous.

L’optimaliste accepte ce que la vie lui offre, et en tire le meilleur parti. Pour le perfectionniste, l’échec n’a aucun rôle à jouer dans le parcours vers le sommet de la montagne; le trajet idéal est le plus court – la ligne droite. […] Alors que pour l’optimaliste, l’échec fait au contraire partie intégrante de ce même parcours, du chemin qui va le mener vers ce qu’il désire. À ses yeux, le parcours optimal n’est pas la ligne droite mais plutôt une espèce de spirale ascendante tortueuse ; celle-ci est aussi orientée dans une direction précise (son objectif), mais il sait qu’il devra faire de nombreux détours en route.

Si la problématique de l’échec et du perfectionnisme vous concerne – et on sait à quel point une pression malsaine peut être mise dans les compétitions (et dans la vie), qu’elle vienne de l’entourage ou de soi -, je vous conseille grandement le livre de Tal Ben-Shahar : L’Apprentissage de l’imperfection. C’est un lien affilié : pour vous le prix reste le même, mais cela ajoute quelques centimes à la cagnotte qui me permet de partager mes aventures avec vous.

Le Perfectionniste face à l’Optimaliste

  • Parcours en ligne droite / Parcours en spirale accidentée
  • Peur de l’échec / Apprentissage à partir de l’échec
  • Concentration sur la destination / Concentration sur le parcours et la destination
  • Angle du « tout ou rien » / Approche complexe et nuancée
  • Attitude défensive / Ouverture aux opinions extérieures
  • Attitude tatillonne / Recherche des bénéfices éventuels
  • Dureté / Indulgence
  • Rigidité, attitude statique / Attitude adaptable, dynamique.

Un outil pratique : le PRP

Je me donne la Permission d’être humain, je procède à la Reconstruction de la situation et j’y gagne une plus vaste Perspective.

– Permission d’être humain : tout d’abord, accepter le fait que je me sens mal, que je suis en situation d’échec.

– Reconstruction de la situation : pourquoi cela est arrivé ? Ne pas se lamenter ou chercher des coupables, mais l’origine pour mieux la cerner.

– Perspective : ensuite, je peux décider de la meilleure conduite à tenir, pour ne pas reproduire l’échec et continuer à avancer.

 

Alors, sur ce, je vous souhaite de connaître beaucoup d’échecs… Et au moins le double de réussite !

Vous êtes libre de raconter en commentaire un échec qui vous a été profitable, que ce soit dans le domaine du trail, de la famille, du travail… Cet article participe à l’évènement “Gérer l’abandon” dont Courir un Trail est l’organisateur.


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Commentaires

7 réponses à “Tu as échoué ? Félicitations !”

  1. Pilou

    Un article où j’ai pu m’identifier en tant qu’être humain doutant/douteux, merci pour cette perle de sagesse !

  2. Merci à toi d’avoir consacré du temps à la lecture 😉

  3. Je suis totalement d’accord avec toi, l’echec fait partie intégrante de l’apprentissage même si la culture française nous laisse entendre le contraire ! Je connais pas cet auteur, je vais le rajouter à ma (longue) liste des livres à lire. Sinon du point de vue technique de course, je découvre la mtéhode d’Eric Orton que je vais très rapidement mettre en pratique. Il est entraineur aux Etats Unis et il a notamment coaché Chris McDougall (l’auteur du best seller Born to run). Eric Orton base son entraînement sur une très grosse base de renforcement musculaire (et notamment du pied) afin de prévenir les blessures. C’est très prometteur.

  4. Hello Mickaël. Tiens tiens le syndrome de l’essuie-glace! Bienvenue au club! Vraiment une saleté cette blessure! Mais comme tu l’expliques c’est l’occasion de se poser les bonnes questions et devenir plus fort.

  5. Merci pour ton commentaire.
    Eric Orton est effectivement sur ma liste de livre à lire et à chroniquer 😉

  6. Caroline

    Intéressant ! Je ne connaissais pas ce livre. L’échec n’est pas mauvais en soi. Par contre, il faut arriver à en tirer des conclusions et un enseignement. Chose que l’on ne nous apprend pas vraiment dans notre culture…

    Pour ma part, mon plus récent échec a été mon premier blog. Finalement, je me suis rendue compte que je n’étais pas aussi passionnée par le sujet, malgré l’expertise que j’avais dans ce domaine. J’ai donc décidé de le laisser de côté et d’en partir un nouveau. Parfois, il faut accepter le fait qu’un projet n’est pas fait pour nous et ne pas s’acharner ?

  7. Merci pour ton commentaire.
    Tu as raison, tirer des conclusions et un enseignement n’est vraiment pas chose facile. D’autant plus si on manque de repères et de sources d’inspirations…