Les 20 citations qui claquent d’America Extrema de Florian Gomet !

America Extrema est le récit écrit et vécu par Florian Gomet, aventurier hygiéniste, d’un bout du Canada jusqu’en Alaska.
C’est certainement le meilleur livre d’aventure non-fiction que j’ai lu.
J’en ai extrait quelques citations, la substantifique moelle toute relative et toute personnelle.
Et je crois que ça se passe de commentaire.
Je vous laisse juste savourer.
Remarquez… si vous voulez tout de même des commentaires, je n’ai pas pu m’en empêcher dans le podcast associé (juste au-dessus) .

Mais là, à l’écrit, je vais me retenir.
C’est dur, mais je vais réussir.
Je pense.
Normalement…

Couverture d'America Extrema

America Extrema, Florian Gomet

Ce sont les conflits qui nous rendent insatisfaits de la vie que nous menons à un moment donné qui nous poussent à chercher d’autres solutions : si nous étions libres de tout conflit, jamais nous ne prendrions le risque de nous orienter vers une forme différente de vie, même si nous la jugions supérieure.
Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelhein
Traverser un continent par sa diagonale sauvage […] uniquement avec la puissance du corps humain se passe de toute raison externe, psychologique, idéologique ou autre. Il s’agit d’une force d’art dont la vie est la matière brute à sculpter.

Dans quel pétrin, comme jamais, m’étais-je encore fourré ? Et que faisais-je là, à frissonner au bord de cette route boueuse et défoncée par les poids lourds ? Jamais, de tous les moments difficiles que je connaîtrais par la suite, je ne fus aussi enclin à abandonner l’expédition. Mais rentrer chez soi pour faire quoi ? Recommencer une vie qui n’avait pas de sens ? Le moral était si bas qu’une vie vide de sens, mais toutefois à l’abri du froid et de la faim me paraissait presque attrayante.

J’étais venu jusqu’ici, dans ces espaces quasi vierges, pour vivre une expérience privilégiée au contact de la Nature, dans le dessein de redécouvrir ma propre et véritable nature, ou tout au moins une part. Pour y parvenir, il était indispensable de se livrer corps et âme et de déposer les armes, pour ainsi dire.
Que ce fussent les répulsifs anti-ours, les médicaments ou les filtres à eau, je ne voyais en cette technologie qu’une barrière qui aurait pollué le lien que je tentais d’établir entre mon moi profond et la Nature. Je partais en quête d’amour et de paix, alors à quoi aurait pu me servir une arme ? On ne se bat pas contre l’amour, on le cultive dans son coeur ! Il ne s’agissait ni de provocation ni d’inconscience, bien au contraire, il n’y avait simplement pas d’alternative au « lâchez-prise ».

Je disais parfois avec provocation que ma seule ambition était de retourner à l’état sauvage. Non pas avec l’idée de ressembler à l’homme d’hier, mais d’évoluer vers celui de demain, celui exploitera son plein potentiel.

Un jeûne, même une seule journée, c’était l’opportunité de remettre les pendules à l’heure et de reprendre un tant soit peu les rênes de mon mental. Jeûner résulte d’une simple prise de conscience, celle où le mental atteint ses limites et ses faiblesses en plus d’être pétri d’habitudes et des croyances.
Le plus souvent, nos inclinations n’ont rien de personnelles, mais sont la résultante d’un concours de phénomènes externes hors de notre portée, à la fois dans le temps et l’espace. Notre individualité ne s’exprime alors guère qu’à travers notre volonté qui a le pouvoir de créer de véritables carrefours, où forcer le destin comme dit le poète, en nous faisant vivre de nouvelles expériences qui s’inscrivent dans notre chair.
Jeûner, c’est aspirer à la liberté, celle de ne plus être le pantin de toutes les pensées qui surgissent à l’importun dans notre tête, de ne plus subir leurs assauts. C’est aussi découvrir un monde intérieur dont le langage subtil est en règle générale étouffé par le bruit de notre digestion. Si, mécaniquement, mais en croyant être libres, nous n’écoutons que le principe du plaisir, quelle différence notre conduite fait-elle avec l’insecte qui fuit l’obscurité pour venir tourner bêtement autour d’une lampe ? En lieu et place de l’hédonisme et du bonheur convoités, ne faisons-nous pas plutôt connaissance avec la servitude ? Nous ne sommes pas l’esclave de nos pensées, même si nous en subissons la pesanteur.

À force de pratique, lorsqu’une peur ou une envie irraisonnée pointait le bout de son nez, j’avais appris à l’écouter et à lui parler plutôt qu’à l’ignorer ou la combattre, vaines stratégies sur du long terme. La petite voix que l’on a tous, celle qui se plaint ou qui a peur, je ressentais mieux que jamais sa présence tangible et éprouvais de la compassion pour elle. Avec sagesse, j’usais d’une voix d’ange pour rassurer la part de moi-même inquiétée, comme si au plus profond de mon intimité j’abritais un petit enfant qui avait besoin d’être consolé.

Cette bougie que j’évoquais, symbolisant la pleine conscience, n’est pas destinée à rester frêle. Par l’entraînement, elle peut devenir aussi puissante qu’un brasier que les vents les plus forts, loin de l’éteindre, l’attisent.

« La crainte de la souffrance est pire que la souffrance elle-même. Et aucun cœur n’a jamais souffert alors qu’il était à la poursuite de ses rêves, parce que chaque instant de quête est un instant de rencontre avec Dieu et l’Éternité. »
L’alchimiste, Paulo Coehlo

« La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même » Franklin Delaren Roosevelt

Fou de tous ces gadgets et de toutes ces peurs conditionnées par notre société qui n’était pas touchée par la seule peur qui méritait notre attention, celle de passer à côté de sa vie.

Pourquoi traverser le Canada ?
Il y avait manifestement là un point suffisamment crucial à élucider pour prendre la peine de m’improviser à la fois écrivain, en défrichant avec la machette affûtée de l’autocritique la jungle de mes notes et de mes souvenirs, et alchimiste, pour redonner vie avec des mots inertes à la catharsis qui m’avait transfiguré. Un récit de voyage en guise de réponse et d’incitation à vivre ses véritables rêves. Ceux-là mêmes que l’on reconnaît à l’énergie et à la joie sans limites qu’ils procurent au fur et à mesure qu’ils s‘éveillent, donnant parfois des frissons dans tout le corps.

Le sentiment que l’humanité se dirige vers quelque chose qui la dépasse est universel et se retrouve, consciemment ou non, chez chacun. En reniant les chaussures, les armes, l’exploitation des animaux et les médicaments, l’esprit se leurre en croyant, par là, faire marche arrière et renoncer à son avenir.
Passé l’effet de surprise, c’était précisément cela qui dérangeait dans ma démarche. Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain, mais de faire preuve de méfiance à l’égard des inventions qui modèlent nos vies en profondeur et conditionnent nos existences, plutôt que de tout adopter en bloc. La science doit être vue comme un outil à double tranchant sous peine de nous desservir. L’heure est venue de grandir, de cesser d’ouvrir machinalement la bouche devant la cuillère pleine qui se pointe, de se débarbouiller et de poser la bavette une bonne fois pour toutes. Il est temps pour l’humanité de dépasser le stade oral.

« Le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer, et le réaliste ajuste ses voiles. » William Arthur Ward

Il me fallut plusieurs heures pour retrouver le goût de la solitude et accepter de me diriger vers l’inconnu. Une transition inconfortable que je commençais à bien connaître et qui disparaissait comme par enchantement. Aussi loin que je me souvienne, j’avais toujours su retrouver le réconfort dans le contact solitaire avec la Nature.
Sans quoi, il y aurait déjà longtemps que je serai rentré à la maison ! Une fois la transition effectuée, l’effort physique devenait aussi naturel que ma respiration. Le goût de l’aventure reprenait alors le dessus et j’éprouvais une joie indicible à découvrir des espaces inconnus qui se renouvelaient sans cesse.

Même si je n’avais pas toujours accès à ce calme mental lors des méditations, je savais que cet espace de paix se trouvait toujours quelque part à l’intérieur de moi, ne demandant qu’à se développer toujours plus. C’était sur ce terrain que réside le véritable champ de bataille de toute aventure, une fois le décor et les masques ôtés, là où se conquière la liberté d’être et de penser.

Que l’on fût rationnel ou pas, lorsque l’on risquait sa vie en partant dans l’inconnu, aucun soutien n’était superflu et l’on se surprenait à accorder de l’importance à bien des signes qui nous auraient fait rire dans des circonstances autrement plus favorables. Le confort anesthésiait une bonne part de notre sensibilité et le contact avec la mort servait d’électrochoc pour réveiller la dimension spirituelle qui ne demandait qu’à s’éveiller.

C’était comme si toutes mes expériences et choix de vie m’avaient guidé jusqu’ici en aveugle et que, subitement, leurs sens m’étaient révélés. Je n’avais aucune certitude sur mes chances de succès, alors je ne voyais d’autres solutions que d’avoir foi en la vie et de m’en remettre entièrement à elle. Là était la vraie victoire.
Et pour cela, nul besoin d’atteindre aucun sommet, il suffisait de donner le meilleur de soi. C’était en ce sens seulement qu’il ne pouvait y avoir d’échec et c’était dans cet état d’esprit libéré que je retournai sur les chemins de l’aventure.

Tandis que je cherchais au fond de moi les ultimes ressources énergétiques, je me mis à ressentir un amour inconditionnel pour tout ce qui vit. Amis, ennemis et inconnus y compris. J’avais envie de les serrer tous dans mes bras et rire avec eux de nos sujets de discordes et de nos incompréhensions. N’étaient-ils pas réellement risibles ? Je notai le soir même ce sentiment océanique de paix dans mon journal pour ne jamais l’oublier, surtout quand je serai sorti d’affaire et que je n’aurai plus besoin, pour mettre un pas devant l’autre, d’accéder à la source primaire et inépuisable d’énergie de toute forme de vie – l’Amour.

Une révélation vint […] avec les effets d’une débâcle sanguine irriguant brutalement une zone corticale exsangue. Elle concernait le salmigondis de pensées et d’émotions qui occupaient sans trêve le cerveau : souvenirs, projets, joies, tristesses, fatigues, faim, plaisirs, etc.
Cette vie quotidienne monacale [Florian est bloqué dans une cabane dans les monts Mackenzie] dépourvue de la moindre distraction, perçait à jour mon petit univers cérébral surpris en train de tourner en rond, sans plus d’intelligence qu’un lemming courant dans une roue. La supercherie étaie éventée, je pensais chevaucher un étalon au galop dans la steppe mongole alors qu’il ne s’agissait que d’un manège avec des chevaux de bois et un décor en papier peint. Le constat était amer : il ne restait pas grand-chose d’essentiel dans mes préoccupations quotidiennes, ôter les tâches nécessaires à la survie, tout le reste n’était que distractions et réflexes conditionnés.
La méditation devenait alors une arme essentielle pour me délivrer du cercle infernal des pensées et des croyances. Oui, méditer pour se recentrer sur l’essentiel, savoir apprécier le moment présent, celui d’être en vie. Je comprenais mieux ces moines tibétains qui consacraient quelques années de vie en réclusion afin de se libérer de la prison que nous avons tous dans la tête.

Retrouvez le livre America Extrema en vente sur le site officiel de Florian Gomet.

Et cliquez ici pour accéder au reportage La prochaine étape de l’humanité sur la vie quotidienne de Florian Gomet.


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Commentaires

Une réponse à “Les 20 citations qui claquent d’America Extrema de Florian Gomet !”

  1. […] Un article pour vous donner envie de lire America Extrema […]