Florian Gomet : souvent pieds nus…
Il y a des êtres extraordinaires qui font des choses extraordinaires. Des êtres ordinaires qui font des choses extraordinaires. Dès lors, la question reste en suspens : naît-on extraordinaire ? Peut-on naître ordinaire et devenir extraordinaire ? Sommes-nous prédestinés ?
Lorsqu’on veut courir des ultra-trails, surtout lorsqu’on est « normal », ce sont des réflexions tout à fait légitimes.
En cherchant des réponses, je découvre des personnes pour le moins… intéressantes. Et qui amènent des éléments de réponse. Je vous laisse en juger.
Florian Gomet, 33 ans, est un aventurier. Par conséquent, il est évidemment multicasquettes. Multipotentiel. Ex-professeur de mathématiques, il a décidé de choisir une vie qui lui plaît : Se lever, méditer, travailler en tant que bucheron, courir, nager dans de l’eau froide si possible et un peu de yoga. Ça laisse rêveur, non 😉 ? Découvrez son interview sous la vidéo !
Bonjour Florian.
Merci beaucoup de me consacrer un peu de temps, dans ta vie pleine de défis et de discipline, comme on a pu le voir dans la vidéo ci-dessus, sur ta grande aventure actuelle : la Marche Sans Faim.
Pourrais-tu laisser une partie de ton corps te présenter… ?
Florian Gomet : Nous avons vu le jour pour sa trentième année. Avant 2014, cette année de grâce pour nous le gauche et le droit, on peut dire que l’on n’a pas vu grand-chose de la vie. On s’est bien rattrapés depuis et on a même grandi un peu au contact du chaud, du froid, de l’herbe, des cailloux et du bitume. Il y a peu, on a même traversé l’Amérique du Nord sur 12000 km à travers la forêt boréale, c’était le pied comme on dit chez nous !
Tu es né sportif, ou l’es tu devenu ?
J’ai pratiqué la gymnastique jusqu’à mes 18 ans sans vraiment m’investir dans ce sport. C’est à 20 ans lorsque j’ai découvert le triathlon que je suis vraiment devenu sportif.
Et naît-on aventurier ?
Assurément, on ne devient pas aventurier, mais on naît ainsi ! Il s’agit d’une disposition d’esprit où le besoin d’explorer prime sur les autres aspects de l’existence. Enfant, je souhaitais devenir astronome.
Quelle est ta pratique de la course à pied, et qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Je me suis mis à courir à 20 ans quand, justement, j’ai compris que je ne deviendrais jamais astronome. Inconsciemment, j’ai transféré ce besoin d’exploration sur les capacités physiques de mon propre corps.
Je me suis spécialisé sur le 10 km que je courais en 34’. Puis, à la suite de blessures à répétition, je me suis essayé à la course pieds nus. Je n’ai pas encore retrouvé mon meilleur niveau, mais je peux facilement courir 150 km par semaine sans me blesser.
Tu es hygiéniste, donc essentiellement crudivore, végétarien, et jeûnant régulièrement… Concrètement, tu manges quoi ?
Jamais rien le matin. Dans l’après-midi, je mange 1 à 2 kilos de fruits frais de saison et 300g de fruits secs. Le soir, je me prépare un saladier de légumes crus avec des olives, un avocat, des oléagineux et une bonne dose d’huile (colza ou olives).
D’après toi, est-ce le corps qui façonne l’esprit, ou l’esprit qui dirige le corps ?
D’un côté, la force de la pensée agit sur la matière en insufflant la vie, de l’autre les expériences physiques permettent d’accéder à des états de conscience particuliers. Puisque le corps et l’esprit sont indissociables, je crois que les deux s’aident mutuellement à évoluer vers toujours plus de complexité sur les chemins de la vie.
Que conseillerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer pleinement dans la course à pied ?
De ne jamais chausser de chaussures avec amorti et de pratiquer un yoga spécifique pour assouplir le corps et ainsi prévenir les blessures.
(Note de Mickaël : vous découvrirez bientôt sur ce site la chronique du livre Yoga For Runner, de Bénédicte Opsomer et Pascal Jover)
Quelle est ton aventure la plus marquante ? Pourquoi ?
La traversée sur 600 km des monts Mackenzie au Canada pendant l’hiver 2016, seul et sans moyen motorisé. Car c’est la plus grande chose que j’ai faite dans ma vie.
Ton projet fou est de courir de la France jusqu’au Tibet, sans argent ni papier, sans chaussures ni sac à dos… Pourquoi ?
Pour suivre mon intuition qui me souffle depuis plusieurs années de partir en voyage avec rien.
Pour répondre à la question :
L’être humain a-t-il une valeur sans un n° de carte bleue et sans son passeport ?
En outre, ma motivation pour ce projet découle de son esthétisme. Je m’explique : traverser une partie du monde avec seulement les attributs dont la nature m’a doté à la naissance a quelque chose de beau et de fascinant.
N’est-ce pas un fantasme de toute-puissance et d’unité partagé par tout le monde ?
À notre époque où la technologie et la sédentarité menacent notre santé, j’ai envie de rappeler ce que l’on peut faire avec un corps humain, cette structure la plus développée de l’univers connu.
Te considères-tu comme un surhumain, ou penses-tu que nous avons tous la possibilité de repousser nos limites ? Et si oui, comment s’y prendre… ?
Il nous appartient à tous de réveiller nos merveilleuses capacités endormies et de repousser nos limites.
Pour cela c’est assez simple, il suffit dans notre quotidien de recréer artificiellement les conditions qui prévalaient à l’aube de l’humanité lorsque nous étions chasseurs-cueilleurs.
C’est-à-dire qu’il faut volontairement s’exposer à la faim (en jeûnant régulièrement), au froid (par des bains glacés, douches froides) et à la fatigue (par le sport ou un métier physique).
Comme notre environnement moderne est différent de celui qui prévalait alors, il est nécessaire de compléter ces pratiques hygiénistes par la méditation (pour développer notre potentiel d’amour altruiste et de compassion), par le yoga (pour relâcher les tensions et assouplir notre corps), et par une alimentation à dominante végétale qui exclut tout produit transformé.
Les mots, valeurs, ou concepts qui animent ta vie ?
Sur les chemins de la vie :
la joie est mon guide,
la discipline est mon garde-fou,
l’amour est mon carburant,
l’impossible est mon horizon,
et la simplicité mon idéal.
Merci beaucoup Florian Gomet de m’avoir consacré quelques instants, alors que tu es sur le départ pour la Marche Sans Faim, 600km sans mangeant, à travers les Monts Mackenzie.
Et sûr qu’on échangera à nouveau. La prochaine fois, ce sera en vidéo 😉 !
Envie de voir un magnifique film sur la Marche Sans Faim ? Alors, chacun peut mettre sa pierre à l’édifice sur la campagne de financement participatif de la Marche Sans Faim de l’aventurier Florian Gomet et du cinéaste / journaliste reporter d’image Damien Artero. Un simple partage représente déjà beaucoup !
Le site de Florian Gomet : Cap au Nord.
Le site du réalisateur de la Marche sans Faim : Planète D.
Lecteur curieux, c’est à votre tour de répondre à la question : peut-on devenir aventurier / traileur / sportif, ou est-ce qu’il s’agit avant tout d’une prédisposition ?
Je serai ravi de lire vos réponses !
En bonus, voilà la liste des livres que Florian conseille pour comprendre et adopter son mode de vie…
(Ce sont des liens affiliés. Acheter le livre ne vous coûte pas plus cher, et cela me permet de continuer mes aventures sur ce blog…)
Commentaires
4 réponses à “Florian Gomet : Coureur et Aventurier, le tout en jeûnant !”
WOW ! Superbe histoire. C’est très inspirant! J’aime beaucoup sa façon de se nourrir et de voir la vie.
Mais je me demande, est-ce que Florian court sans se blesser uniquement depuis qu’il court pieds nus ou c’est un tout, un changement radical qui c’est opéré: loi de l’hormèse, jeûne, alimentation à base de fruits et légumes, course pieds nus, etc. ?
Chaque petit pas dans la bonne direction compte. Je suis persuadé que le simple fait se nourrir de fruits et de légumes en abondance peut aider énormément !
Merci pour cet interview !
Merci pour ton commentaire.
C’est évidemment un tout. Après, le fait de courir pieds nus permet d’éviter les problèmes bio-mécaniques. A condition d’y aller progressivement… vraiment progressivement ! Et ça, ce n’est pas toujours possible en fonction de ses envies de compétitions ou de son égo…
Je reparlerai de Florian un de ces quatre 😉
Alors, non, je n’avais pas vu cet article avant de recevoir ton mail, pour le tout dernier.
Quelle histoire, en effet, c’est juste spectaculaire, motivant et paisiblement mis en avant qui plus est !
Enrichissant, comme chaque article que tu nous fais le plaisir de partager. Et en plus, on voit la belle évolution, parfois sur un aspect, parfois un autre, au fil de ton parcours d’aventurier, car toi aussi tu en es un bien particulier hein.
Bonne route à tous les deux, amis trailers ! (bien que moi je n’en sois pas vraiment un hihi)
Merci 🙂