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Stéphane Brogniart est un personnage bien connu dans le milieu de l’ultra-trail. Déjà, il a l’aspect homme des bois réglementaire : grand, svelte, cheveux longs, vit dans sa cabane. Et puis, il en a dans les guibolles, palmarès à l’appui. Dans les guibolles, dans le ventre et dans la tête. Eh oui, dans la tête aussi, car outre son statut d’ultra-traileur reconnu, il porte aussi la casquette de conférencier, de préparateur mental pour sportif et bientôt celle d’aventurier. Car pour Stéphane, l’ultra-trail n’est qu’un outil pour atteindre son cloud , c’est-à-dire sa raison de vivre.
Le 30 juin 2018, dans la magnifique médiathèque de Remiremont (si vous suivez Stéphane de temps en temps sur les réseaux sociaux, c’est impossible d’ignorer qu’il est vosgien et fier de l’être), Stéphane Brogniart était présent en compagnie de Sarah Vieuille (championne de France de Trail long) pour présenter le documentaire “Un pas après l’autre” et taper la discussion, histoire de remettre l’église au centre du village (une expression chère à Stéphane).
Et franchement, impossible d’être déçu d’avoir fait le déplacement. Quand Stéphane Brogniart parle, le trail devient philosophie de vie.
Je vous propose dans cet article un paradigme qui pourrait bien vous changer la vie…
Devenir Champion du Monde de mon Monde
Avant toute chose, une raison de faire
Est-ce que cela vous est déjà arrivé de vous demander, en plein milieu d’une course, ce que vous êtes venu faire là ? Sans forcément être au fond du trou, le corps râle, le mental en a marre, et bordel, pourquoi vous vous êtes infligé ça….
Mais qu’est-ce que je fous là ?
Oui, c’est tout à fait la question à se poser. Et vous allez devoir vous la poser. De toute manière, si ce n’est pas maintenant, ce sera dans quelques kilomètres. Ou un autre jour. Une autre course. Ou simplement le matin au réveil. Pourquoi faites-vous ça ? Pourquoi ça, plutôt qu’autre chose ?
C’est quoi ton cloud, ta grande idée, ton projet, ton objectif de vie ?
Vous ne pourrez pas y échapper. Pas le choix, vous êtes un être pensant. On ne peut pas échapper à son humanité. Comme c’est inévitable, autant y penser et y répondre maintenant, plutôt qu’en plein milieu du Cirque de Mafate, au 63 ème km de la Diagonale des Fous, avec personne pour vous sortir de là.
Plein de gens courent juste pour courir. C’est le traileur clé de 12 (autre expression favorite de Stéphane). Quand les difficultés arrivent, le mental lâche.
Alors, c’est le moment de réfléchir : si j’ai tellement de mal à me motiver pour aller courir, si je râle, si je peste… En fait, si je n’ai pas envie de courir, c’est peut-être juste que je n’ai pas de raison valable de le faire. De raison profonde. Retournez-vous. Un ours affamé vous poursuit ? Des aliens teigneux ont besoin d’un cobaye humain pour une expérience secrète ? Votre compagnon / compagne (5ème Dan de Ju-jitsu brésilien) vous a retrouvé en bien trop bonne compagnie ?
Non ?
Alors, pourquoi courez-vous ?
Si c’est pour des podiums, du succès, un peu de gloire, okay. Pas sûr que le trail soit la bonne discipline. Pas sûr que ce soit très intéressant pour vous.
Ce qu’il faut, c’est trouver son cloud, son idée perchée dans le ciel. Pensez-y. Vous allez en avoir besoin.
Ici et maintenant
Traileur clé de 12 : Moi, je cours pour me vider la tête. D’ailleurs, j’adore avoir la musique à fond sur les oreilles.
Depuis quand se vider la tête est positif ?
Pour Stéphane Brogniart (et pour 3000 ans de culture orientale), quand on court, il n’y a que l’ici et maintenant. Se couper des tensions extérieures, ramener ses pensées à ce qu’on fait, et pourquoi on le fait (vous avez trouvé votre cloud ?).
La course ne se passe pas dans le passé, ni à l’arrivée, mais ici. À 2m50 devant vous. Et 2m50, on peut toujours les franchir en quelques foulées. Donc on peut toujours avancer.
Potentiel et contrainte
Nous avons tous un potentiel théorique. Que vous l’acceptiez ou non, vous ne pourrez pas devenir le nouveau Kilian Jornet . Mais par contre, vous pouvez essayer de devenir la meilleure version de vous-même.
Le potentiel théorique varie, en fonction d’une multitude de critères. Cela ne doit pas vous faire peur, mais bien au contraire vous encourager : il y a tellement de possibilités différentes de s’améliorer : alimentation, sommeil, entraînement, technique, gestion du stress, du mental… Par contre, être dans le déni ne vous aidera pas.
Avec Stéphane, on ne se cache pas derrière d’anciennes performances ou un futur hypothétique. Il faut être le meilleur possible le jour de la course, pas avant, pas après.
« Les athlètes passent beaucoup de temps à justifier leur médiocrité en cherchant des excuses, plutôt que de se centrer sur soi pour progresser.
Le jour où j’ai compris ça, j’ai vraiment commencé à progresser. »
Prendre un dossard, c’est tout mettre en œuvre pour être la meilleure version de soi le jour de la course. Et après l’arrivée, tirer les conclusions, et non les excuses.
Chaque excuse pendant la course, chaque pensée parasite nous éloigne de notre plein potentiel. Et risque de nous faire glisser sous la contrainte.
Si la contrainte devient trop lourde, on glisse en dessous, et c’est fini. Rester au-dessus de la contrainte. Avoir des armes assez solides. Et pour cela, devinez quoi… ? Il faut avoir une sacrée bonne raison de pourquoi on court. Et être centré sur soi.
Quand on court, on ne doit pas chercher à être traileur. On doit être soi.
Nous avons tous un potentiel qui nous est propre. Il s’agit d’approcher les 100% de son potentiel. Devenir non pas champion du monde, mais bien, comme le répète Stéphane Brogniart : Champion du Monde de mon Monde. Et franchement, que peut-on souhaiter de mieux ?
C’est d’ailleurs dans cette optique là que Stéphane prépare son grand projet d’aventurier : la traversé du Pacifique à la rame en solitaire. C’est pour 2023, l’aventure s’appelle ETARCOS, et permettra à notre Vosgien de se rapprocher de son cloud, en vivant une situation en totale autonomie, pendant plusieurs mois.
Stéphane Brogniart comme mentor ?
- Trouver son cloud personnel : c’est quoi votre raison / projet / objectif ? Le trail n’est qu’un outil, un tremplin.
- Derrière chaque dossard, faire une colonne de + et une colonne de – . Et pour chaque –, mettre une piste d’amélioration concrète (action à entreprendre).
- Se connaître. Et pour ça, n’écoutez pas les conseils à la mode : testez.
- Ne soyez pas dans votre zone de confort, soyez en train de l’atteindre.
- Si vous glissez sous la contrainte (emploi du temps chargé, stress, manque d’énergie), c’est que le projet ne vaut pas le coup. Posez-vous les bonnes questions.
- Ne soyez pas le traileur en clé de 12, soyez vous-même.
- Vérifiez régulièrement que l’église est au centre du village.
Merci, Stéphane, pour la bonne dose d’inspiration !
Pour suivre Stéphane Brogniart :
- Le projet ETARCOS
- Son site
- Le suivre sur Facebook
Alors, que retenez-vous de cet article ? Dites-le-moi dans les commentaires 😉
Commentaires
2 réponses à “Stéphane Brogniart : Devenir Champion du Monde de mon Monde”
[…] au long de l’animation, je répète que l’important est de devenir champion du monde de son monde (une formule que j’ai piqué à Stéphane Brogniart), et non d’être meilleur que les […]
[…] C’est le choix de la discipline qui a fait ce que je suis maintenant.Je suis quelqu’un qui a grandi sans aucune discipline personnelle. J’avais le droit de faire ce que je voulais, quand je le voulais. On me pardonnait parce que j’étais le petit dernier.Maintenant, pour être sûr que ça ne resurgissent pas, je me mets des garde-fous, des règles de conduite, j’écris beaucoup, je médite, je me rappelle de ce que j’ai fait, de ce que j’ai accompli dans l’année, la semaine dernière, hier.Et cela me permet d’avoir une vraie discipline au quotidien. C’est ça, les choix.Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu Stéphane Brogniart : Devenir Champion … […]