Paul Fontaine

Paul Fontaine: N’aie pas peur de souffrir!

Okay, d’accord, c’est un titre un peu à la Rambo II (car le premier est très psychologique, pas du tout l’image stéréotypée de Rambo… ), mais laissez-moi vous parler de Paul Fontaine.

Cet article / podcast est pour ceux qui ont peur, qui parfois souffrent, et qui ont besoin de se sentir moins seuls…

Si vous êtes imperméables à la remise en question, qu’est-ce que vous faites ici ? Partez ! Ouste ! Ne perdez pas votre temps sur cet article ! Libérez-moi de la bande passante !

C’est bon, on est entre nous ?

Chouette !

Forcément, il y a nettement moins de monde. Tant mieux. Je préfère une tribu plutôt qu’une foule 😉

Que va-t-on voir maintenant avec Paul Fontaine ?

  • Quelle posture mentale quand on a une maladie dégénérative?
  • Faut-il se lever du canapé ?
  • Les valeurs sont-elles des carcans?
  • Comment trouver ses valeurs ?
  • Le meilleur livre de tous les temps (indice: vous le connaissez déjà)
  • Et quelques dizaines d’autres pépites…

Comme toujours, privilégiez le podcast, sans oublier de vous abonnez !

Paul Fontaine
Ce type s’est levé de son canapé…!

Qui aurait pu mourir enfant, atteint d’une maladie grave, la mucoviscidose ?
Qui ne pourra jamais être sportif ?
Qui est resté sur son canapé attendant que la mort arrive?
Ça aurait pu être notre invité. Mais ce n’est pas lui. Celui que j’accueille, Paul Fontaine, il a décidé à 26 ans de quitter ce canapé, malgré la maladie, malgré 55% de capacité respiratoire.
Paul Fontaine a quitté son canapé pour 2 raisons: être vrai et authentique, et affronter ses peurs.

Bonjour, Paul, alors, qui était ce jeune homme de 26 ans sur ce canapé, et qu’est-ce qui s’est passé ?

Paul Fontaine :
Je vivais tout seul en appartement depuis quelques années, je vivais loin de mes parents.
Je me sentais incompris de mes parents qui gardait l’image de moi enfant, qui courait avec mes frères et sœur.
J’avais le sentiment qu’il gardait l’image de cet enfant qui courait plutôt bien, qui gagnait le cross des collèges en 4e.
J’étais dans les études, je vomissais dès que je courais, je crachais du sang.
15 minutes de course à pied et j’en pouvais plus.
J’avais de la défiance vis a vis de mon médecin, je me sentais incompris.
Beaucoup de colère envers le monde du travail, à mes parents les filles, Dieu… au monde entier.
Le développement personnel, la lecture, l’écriture m’ont aidé à passer cette étape.
J’ai écrit dans un journal intime, j’ai lu des livres de développement perso, et des livres sur le dépassement de soi.
Je me suis beaucoup intéressé à Philippe Croizon (traversée de la manche en étant amputé des quatre membres), à Maud Fontenoy et Gérard d’Aboville (traversée de l’Atlantique à la rame), et aussi Mike Horn que j’apprécie beaucoup.
J’ai travaillé sur moi, j’ai avancé, et j’ai souhaité être vrai et authentique.
C’était la base pour moi.
Être vrai avec les autres.
Être vrai avec mes peurs, avec mes valeurs.
Être vrai avec mon corps.
Car mon corps ne triche pas.
Si je me raconte n’importe quoi, si je me mens à moi même, mon corps lui ne triche pas.
Il saura me ramener sur Terre en me créant une petite maladie, en me créant des difficultés supplémentaires.
Être vrai et authentique, c’était très important pour moi et affronter mes peurs.
C’était la base de mon cheminement à ce moment-là.

On t’a diagnostiqué à quel âge ?

Paul Fontaine:
2 ans.

Pas de souvenirs alors ?

Paul Fontaine:
Pas du tout.
Dans mes poumons, j’ai du staphylocoque dorée en permanence, et du pseudomonas.
Aujourd’hui, je suis à 55% de capacité respiratoire.
Quand j’ai commencé à avoir du pseudomonas dans les poumons, ça a fait très peur à mes parents.
Ma mère était paniquée, elle pleurait.
C’était comme si j’étais presque mort.
J’essaie d’imaginer ce que ça peut faire de découvrir que son enfant a une maladie génétique…
C’est terrible.

En tant qu’enfant, tu sentais que c’était différent ? Comment l’as-tu vécu _?

Paul Fontaine:
J’avais trois frères quand j’étais enfant.
J’ai été élevé comme eux, à quelques détails près.
Des choses que je n’avais pas vraiment le droit de faire, avec de la poussière, par exemple, faire la moisson avec mon père agriculteur…
Mais je le faisais souvent tout de même.
Mais sinon, la même éducation que mes frères.
À l’école primaire et au collège, je faisais tout comme les autres, à part les traitements.
C’est une maladie dégénérative.
Je suis censé perdre de la capacité respiratoire au fil des ans.
Il n’existe pas d’alternative aujourd’hui, a part la greffe de poumons.
Mais c’est une solution partielle, la maladie va tout de même rester présent dans le corps.
Le mucus s’accumule, les poussières se mettent dedans, ça s’infecte, et ça crée un encombrement.
Il n’y a pas de médicament.
Mais des traitements très lourds au quotidien.
J’ai la chance d’avoir une forme de la maladie qui m’a laissé tranquille de longues années, par rapport à d’autres enfants qui décèdent très vite.
J’ai eu la chance de pouvoir faire tout ce sport.
On n’est pas tous égaux face à cette maladie.
Le sport, c’est nécessaire.
C’est même vital.
Ça parait de faire sortir ce que j’ai dans les poumons.
Ce matin, j’ai fait du vélo.
Je n’ai pas arrêté de cracher.
Il faut que ça sorte.
Sport, kiné, yoga.
Je passe 5h par jour sur ma santé, à prendre soin de moi.

Malgré ta maladie, tu as couru plusieurs marathons, tu as traversé la France à vélo, tu as gravi le Mont-Blanc. L’une de tes conférences s’appelle Mental d’Acier.
Cette dimension mentale et valeur est très présente chez toi.
Mais tu utilises un journal intime, tu parles des cinq blessures de l’âme, de sens, d’amour et de rêves.
J’ai l’impression que tu es un mélange entre Rambo, Forest Gump et un village entier de Schtroumpfs. C’est ça ?

Paul Fontaine:
Euh…
J’adore Forrest Gump. C’est l’un de mes films préférés.
Pour Rambo, je suis un homme d’action, c’est sûr.
Je teste des choses tous les jours, pour pouvoir être mieux demain.
Je me dis que demain sera forcément meilleur qu’aujourd’hui.
Car je pose les actions pour que ça le soit.
Depuis ma première préparation marathon en 2014, je pose des actions tous les jours pour être mieux demain.
Je suis une machine à solution, à créer, à avoir des idées.
Pas de problèmes, que des solutions.
Je fais le bilan aujourd’hui, qu’est-ce qui a marché, pas marché, et qu’est-ce que je pose comme action ?
C’est une dynamique que j’aime insuffler en conférence et en coaching.
Dans la conférence mentale d’Acier, je donne mon parcours et des clés.
Je fais des parallèles avec le quotidien de chacun.
On n’est pas obligé d’être malade pour grandir, cheminer et devenir un sage.
Au contraire, il vaut mieux travailler sur soi avant.
Dans nos vies, la maladie, c’est un licenciement, une séparation, un deuil, un nouveau chef…
C’est des petits problèmes de la vie courante, des défis à surmonter.
Et je réponds à deux questions : pourquoi je fais tout ce que je fais : marathons, trails, verticale de la Tour Eiffel, de Chamonix…
Pour être mieux demain.
C’est parce que je crois en la vie.
Dans la vie, on a tous le choix.
On peut rester dans ce canap’ et attendre de crever.
Ou se lever pour vivre et se battre.
On peut croire dans la vie et dans l’amour.
Ou dans la peur et dans la mort.
Je préfère la vie et l’amour, car ça me motive.
Ça me permet de me lever le matin, et de me bouger la couenne.
C’est comme dans le film Time-Out.
À chaque fois que je fais mon sport, je gagne une journée de plus dans ma vie.
Je rallonge ma vie d’un jour, de quelques heures.

Pour mettre un peu de contexte, le principe de Time-Out : on paie avec le temps qu’il nous reste à vivre, inscrit sur notre poignet. Le temps est la monnaie d’échange. On gagne et on dépense du temps.

Paul Fontaine:
Oui, très bon film qui me parle bien en ce moment.
Pourquoi je fais tout ça ?
C’est important de donner du sens à ce qu’on fait.
Si j’ai 10 raisons de faire ce que je fais, j’aurai 10 fois plus de raison de le faire.
C’est pour cela que je parle d’amour et de valeurs.
Si tu ne respectes pas tes valeurs, tu perds ton temps sur Terre.
Si tu vas bosser dans une entreprise qui bousille la nature, qu’est ce que tu fais là ?
Si tu n’as pas le sentiment de faire quelque chose de bien, change de boulot, putain !
C’est vachement important.
Donc, oui.
Il y a du Forest Gump et du Rambo en moi.
Pour les Schtroumpfs, je ne comprends pas…

C’est pour l’aspect innocence. Tu parles d’amour et du livre sur les 5 blessures de l’âme. Des mots qui sont beaucoup utilisés, et donc, c’est difficile de mettre du sens derrière. As-tu toujours eu un mental d’acier, ou tu l’as construit ?

Paul Fontaine:
Je pense que tu connais la réponse.
Parfois, on me dit : «oui, mais toi, c’est facile, tu as un gros mental.»
Mais les gars, je ne suis pas né avec.
Avant ma prise de conscience, je n’avais pas confiance de moi.
J’étais timide, je ne savais pas quoi faire de ma vie.
J’ai fait des mauvais choix.
Je suis parti en fac d’histoire pour chopper des meufs, et avoir les vacances scolaires.
En fait, le monde du travail n’est pas fait pour moi, car je ne peux pas enchaîner 20 heures par semaine.
Alors, c’est à moi de m’adapter, de créer mon job.
Le mental se travaille, ça ne vient pas tout seul.
C’est parce que tu as un marathon à courir que tu te prépares.
J’ai fait des préparations avec Christophe Malardé qui était le coach de Thibaut Baronian en trail.
T’as une prépa, t’as des séances à tenir, il pleut, il fait froid, t’y vas quand même.
Quand tu crois en tes rêves.
Que ça te fait vibrer.
Que tu penses à la ligne d’arrivée et que tu en chiales…
À chaque fois que tu le fais, ça renforce ton mental.
C’est la rigueur qui permet de renforcer le mental.
Ça se construit petit à petit…

Tu parles de l’importance de passer à l’action et d’être aligné sur nos valeurs. Comment on fait concrètement ? C’est quoi la première étape ? Définir ce qui nous fait vibrer ?

Paul Fontaine :
C’est ça.
J’ai travaillé sur mes valeurs lors de ma formation pour devenir coach, il y a 2 ans.
Avant ça, je me suis dit : la vie, c’est pour réaliser mes rêves.
Je ne connais pas mon espérance de vie, je suis là pour me faire plaisir et suivre mes envies.
J’ai décidé à partir de 2010, de faire ce dont j’ai envie : sauter en parachute si j’ai envie, acheter une presse à cuisse, car ça peut m’aider à courir un marathon…
Suivre ses envies…
Dans la vie, quand tu affrontes tes peurs, quand tu les dépasses, tu grandis.
Tu découvres qui tu es.
Tu découvres d’abord ce que tu ne veux pas.
Puis ce que tu veux.
C’est toujours dans cet ordre-là que ça se passe.
Suivre ses envies, cette boule au ventre, les petits papillons, on y va !
Puis travailler sur ces valeurs.
C’est un super travail à faire, tout seul ou avec un coach.
Mes valeurs, c’est l’amour, l’espoir, la vérité, la liberté.
Là, ce ne sont que des mots.
Des bien grands mots qui ne veulent pas dire grand-chose.
Le but, derrière, c’est de les incarner, de les faire vivre au quotidien.
S’il y a la valeur liberté, et que derrière, il y a une valeur grands espaces, nature, respirer de l’air pur, eh bien, je dois aller faire du sport, tous les jours.
Si je ne fais pas vivre ma valeur liberté, le soir, je suis frustré.
Alors, je regarde un film stupide en mangeant de la tartiflette, pour compenser.
C’est comme ça que ça se passe.
Quand tu connais tes valeurs, tu sais mieux où tu veux aller, ce que tu veux faire.
Tu peux checker tes choix par rapport à tes valeurs.
Être aligné sur ses valeurs, c’est une quête permanente.
C’est l’un des accords toltèques : toujours faire de son mieux.
On ne l’atteint jamais, mais c’est fantastique, car c’est un puits de travail sur soi.
Travailler sur ces valeurs, c’est un guide pour la vie.
Je suis convaincu qu’on a tous les mêmes valeurs au fond de nous.
On les fait vivre de manière différente.
Ces valeurs sont masquées par des peurs, des barrières limitantes, des fausses croyances, des blessures.
Travailler là-dessus, c’est les faire émerger.
Nos valeurs viennent de notre cœur.
Si 7 milliards d’êtres humains laissaient leurs valeurs s’exprimer, ce serait fantastique.
On a tous des valeurs on a tous de l’amour en nous, même la pire crevure de toute la Terre.
Et la pire crevure de toute la Terre, c’est juste la personne qui a le plus peur de toute la Terre.
Dans la vie, il y a l’amour ou la peur.
C’est l’un ou l’autre.
On fait nos choix parce qu’on a peur ou en fonction de l’amour…
C’est une bonne question à se poser.
Et l’amour, c’est l’envie, la passion, la confiance, l’écoute, la bienveillance…
J’ai travaillé sur les 5 blessures de l’âme, en relisant plein de fois ce livre.
La première fois que je l’ai lu, j’étais à deux doigt de le virer.
Ça m’a énervé, ce n’est pas moi.
Ce livre est écrit par Lise Bourdeau.
Elle explique qu’on a tous 5 blessures de l’âme qui nous empêche d’être nous-mêmes : le rejet, l’injustice, l’abandon, la trahison et l’humiliation.
Pour chaque blessure, notre égo nous fabrique un masque qui nous permet de survivre à la vie.
Ces blessures viennent de l’enfance, entre 0 et 6 ans.
Elles grandissent et s’aggravent en fonction des expériences désagréables.
J’ai bossé là-dessus, car, bosser sur les peurs et les fausses croyances qui sont derrière ces blessures, me permet de plus facilement respecter mes limites, moins juger et être moins sur la colère.
L’injustice engendre de la rigidité.
Et donc, au final, je respire mieux, car je suis moins stressé.
Bosser en profondeur me permet forcément de mieux respirer.
Et c’est le cas.
C’est une quête sans fin, comme pour les valeurs.
Ce livre m’a beaucoup aidé.
On peut y croire ou non.
C’est un choix.
On peut jeter le livre, ou le voir comme une mine de travail sur soi.
J’étais très inspiré par Alexandre Jollien qui dit : «Naître et mourir à chaque instant».
Si j’inspire comme si je naissais, et que j’expire comme si je mourrai, l’amplitude est maximum.
Et donc, la maladie n’a pas de place pour exister…
C’est l’idéal absolu.
Si je naît à chaque inspiré, si je travaille sur mes blessures, je redeviens ce petit garçon que j’étais à 4-5ans.
Qui jouait tranquillement, qui ne se prenait pas la tête, le premier jour des grandes vacances, avec l’éternité devant lui, en respirant à 100%.

Penses-tu que tu es arrivé à une certaine forme de stabilité, au niveau de tes valeurs et de ton mental ?
Ou alors, tu as encore des moments de doutes, où tu as envie de tout rebalancer ? Comment tu peux être sûr que tu es aligné sur tes valeurs, et que tu vas les garder ?

Paul Fontaine :
Mes valeurs d’il y a 2 ans sont différentes de mes valeurs d’aujourd’hui.
Et elles peuvent encore être chamboulées, en fonction de mes expériences de vie.
Ou je les définirais différemment.
Les valeurs sont amenées à changer en permanence.
Si tu respectes tes valeurs, tu ne peux pas être sur le mauvais chemin.
Si ce que tu fais, tu en as envie, ça te booste, ça te met en mouvement, et que tu as l’impression d’envoyer de l’amour dans l’univers, tu es forcément dans le vrai.
Ce travail sur les valeurs, c’est un truc de fou !
On peut le faire avec un coach, mais aussi tout seul.
Avec ma chérie, on a créé un protocole pour bosser dessus.
Mais tu peux très bien choper une liste de valeur sur Google.
Sachant qu’une valeur est forcément positive, et ça te booste.
Ce n’est pas «il faut» ou «tu dois»…
Tu regardes les mots dans cette liste qui te parle, qui te correspond.
Qu’est-ce qui est important pour toi ?
Tu soulignes les mots, puis tu les regroupes par catégorie.
Par exemple, pour moi, dans la valeur-vérité, il y a authenticité, honnêteté, le sens…
Une fois regroupé, tu trouves le mot chapeau. C’est ta valeur.
C’est une réflexion profonde, à faire au calme.
Y revenir autant de fois que nécessaire.
Lorsque tu peux définir tes valeurs en une ou plusieurs phrases, tu es dans le vrai.
Et ainsi, on peut savoir ce dont on a envie de faire sur Terre…

Il vaut mieux le faire lorsqu’on est stable dans sa vie, ou c’est possible si on est au fond du trou ?

Paul Fontaine:
C’est possible dans les deux cas.
Si on est au fond du trou, ça va être difficile.
Elles vont être changeantes.
Aujourd’hui, mes valeurs bougent peu.
J’ai moins de prise de conscience qu’en 2012-13-14.
À l’époque, j’avais des prises de conscience quasiment quotidienne.
Lundi, je vais penser ça, j’en parle à mon meilleur pote.
Le mercredi, on parle du même sujet, et je dis mais non, c’est plus ça, ça, c’était lundi.
Ça donne l’impression de voir la Matrix, de voir les chiffres défiler devant les yeux.
Ça te l’a fait aussi ?

Oui, mais sans forcément savoir si c’est une progression. Difficile de savoir quoi faire quand ça bouge souvent… Et l’environnement ne bouge pas à la même vitesse : les gens autour, le quotidien…

Paul Fontaine:
Aujourd’hui, je suis avec Corrie.
Si demain, elle décide de faire vivre ses valeurs différemment, on ne sera plus ensemble.
Et c’est normal, et c’est la vie.
En 2012, si j’avais été en couple, j’aurai aurait été obligé de me séparer !
On ne peut pas changer l’autre, et ça aurait été impossible que la nana bouge à la même vitesse.
Mais la nature change en permanence : la nuit et le jour, les saisons, le mouvement…
Tout bouge.
On doit changer.
On doit !
On ne peut pas rester tout le temps dans le bonheur.
On ne peut pas rester tout le temps en été.
Mais dans ces autres moments, on peut en tirer du positif.
Toute période difficile est un apprentissage.
La vie, c’est le changement.
Sinon, on ressemble à de l’eau qui croupit.
Mon prof de yoga à Besançon disait: tout ce qui ne bouge pas dans le corps devient maladie.
Ce qui rejoint Wim Hof, par rapport au confort occidental.
Toute cette énergie qu’on a en nous pour lutter contre le froid et le chaud devient… de la merde.
Et c’est bien dommage.

Une question d’une lectrice de CourirUnTrail, Brigitte : « Je trouve intéressante la notion de dépassement : de la maladie, de ses propres capacités, et donc de soi. Je suis effrayé par l’omniprésence de valeurs personnelles à ne pas laisser de côté. Par ce nouveau carcan, certes bienfaiteur, ajouter au carcan physique qu’est la mucoviscidose.
Faut-il une cage pour en remplacer une autre ?»

Paul Fontaine:
J’aime bien cette question.
On touche à ce qu’est une valeur.
Une valeur, c’est positif, c’est moteur.
Ce n’est pas une cage.
Ce n’est pas «il faut» ou «tu dois».
Ce n’est pas une valeur de société ou culturelle.
Ce n’est pas quand tu vois quelqu’un qui fait la manche, se dire: «je dois lui donner une pièce».
Une valeur est motrice.
Donc ce n’est pas un carcan.
Ce n’est pas une contrainte.
C’est quelque chose que tu peux faire tout seul.
Tu n’as pas besoin de te contraindre, ça vient tout seul.
Les valeurs, c’est ce qu’on portait quand on était enfant.
Un des buts de la vie, j’en suis convaincu, c’est de revenir à la simplicité de l’enfant.
À l’instant présent.
À ses valeurs.
Se libérer des fausses croyances, des peurs, des barrières…
De mon point de vue, dès l’instant où tu médites, où tu respectes tes valeurs, ça suffit.
Mais de mon expérience de vie, respecter ses valeurs et méditer, c’est bien, ça permet d’expirer.
Mais la vie, c’est le changement.
Il y a besoin d’inspirer aussi.
J’ai besoin de bouger physiquement, de me dépouiller dans le sport.
Ce n’est pas faire sa petite séance de footing toute l’année au même rythme.
Là, tu t’encroûtes.
Tu n’es pas en train de chercher de nouveaux territoires respiratoires, ou musculaires.
Le corps s’habitue à l’activité physique. Puis il régresse.
Je suis convaincu qu’on a besoin de faire de l’activité physique, et d’être dans le dépassement, de temps en temps.
Dans mon quotidien, je prends du plaisir à faire du sport.
Mais parfois, je dois faire ma séance de fractionnée, même si ça va être dur, même si je vais cracher mes tripes et mes boyaux.
Quand c’est fini, qu’est-ce que ça fait du bien !
Tu respires mieux, tu es mieux.
Les valeurs ne sont pas un carcan.
Le dépassement de soi demande parfois des coups de pied au cul.
Sinon, on s’encroûte.
J’en suis convaincu.
Si je ne fais que méditer – mais je n’ai peut-être pas trouvé la clé -, il me manque quelque chose.
Et alors, la maladie prend de plus en plus de place… jusqu’à ce que je n’arrive plus à méditer.

N’est-ce pas paradoxal si les valeurs ne doivent pas être douloureux, ne doivent pas être un «tu dois», et en même temps, se forcer à faire sa séance ? Comment distinguer les actions positives qui correspondent aux valeurs, des actions qui vont contre nos valeurs ?

Paul Fontaine:
Je sais que lorsque je fais mon sport, j’en ai besoin.
Je le sais.
C’est vital.
Si je n’y vais pas, je sais que demain, je suis dans la merde.
C’est donc un besoin.
Ce n’est pas un «il faut, je dois», c’est «j’en ai besoin, donc j’y vais».

Ça me parle. Quel est le choix qui a fait de toi ce dont tu es devenu ?

Paul Fontaine:
Dire stop à mes peurs.
Avant, je parlais d’authenticité.
Je portais un masque.
Je faisais semblant d’être en bonne santé, avec mes beaux habits de marque et ma muscu.
Derrière, il n’y avait pas grand-chose.
Je voulais montrer une image de moi en société.
Mais lorsque j’étais sous perfusion d’antibiotique à la maison, j’avais honte.
Ça me rappelait la maladie.
Je faisais tout pour cacher mon traitement.
Il y a un tel décalage à faire semblant, que je ne pouvais pas continuer à faire semblant.
Un tel besoin de dire :« oui, je vis avec cette maladie».
Il a fallu apprendre à parler de moi.
Dire : «je vis avec cette maladie, je viens de là, ça n’a pas été facile, et je vais là».
Ça permet aussi de rencontrer les bonnes personnes.
Si elle réponds : «oui, moi, hier, j’ai mangé une pomme», et bien, ce n’est peut-être pas la bonne personne pour être ami.
Si elle t’enfonce, si elle se sert de tes failles pour remuer le couteau dans la plaie, ce n’est pas non plus la bonne personne.
Petit à petit, ça permet de rencontrer des personnes extraordinaires, et ça fait grandir.
Et puis, le choix de se lever de ce canapé.
Je faisais des siestes, je voyais la porte de ma chambre…
J’avais l’impression que cette porte se refermait de plus en plus.
Que je faisais des siestes de plus en plus longues.
J’étais de plus en plus fatigué.
À un moment donné, il fallait mettre un grand coup de pied dans la porte, pour sortir.
Sortir de cette porte de prison qui se refermait petit à petit.
Faire face à la maladie.
Lui dire stop, c’est là que tu t’arrêtes, moi, je continue.
C’est l’acceptation.
À l’hôpital, la psy me parlait beaucoup d’acceptation.
Je voyais ça comme le truc mystique casse-couille…
Mais l’acceptation, c’est se dire: «oui, la maladie est là. Et moi, j’avance.»
C’est une prise de conscience de l’ensemble des conséquences que peut avoir la maladie, et puis se bouger la couenne.
Qu’est ce que je peux faire ?
Je suis responsable de mon bonheur, donc c’est moi, le patron.
Qu’est ce que je fais maintenant ?
Par rapport aux peurs…
Aujourd’hui, il fait gris.
Je me retrouve tout seul.
Imagine que j’ai eu quelques mauvaises nouvelles.
Je commence à bader.
Il y a une question qui vient dans ma tête.
Pas bien grande, elle ne prend pas beaucoup de place.
Mais si je me la pose, il y a celle-là… puis celle-là aussi qui est plus dangereuse… puis celle-là aussi…
Ce sont des peurs en tiroir qui amène toujours sur la peur de la mort.
D’une question de rien du tout, on a peur de toutes les autres.
Et si je me pose cette question-là, il y aura les autres, puis je vais sombrer et me tirer une balle.
Mais c’est la première petite question qui est la plus importante et la plus décisive.
C’est la question à dépasser.
Ensuite, on creuse.
Il ne faut pas avoir peur de sombrer ou de souffrir.
La souffrance fait partie de la vie.
Tant que tu ne te poses pas ces petites questions, elles seront toujours là, jusqu’à ton lit de mort.
S’en débarrasser le plus tôt possible, c’est la meilleure chose à faire.

Quel est le pire conseil que tu as entendu ?

Paul Fontaine:
Je me remets beaucoup en question.
C’est bénéfique et important.
Mais uniquement si c’est couplé à l’action.
Si on ne fait que de se remettre en question et de travailler sur ses peurs sans agir…
Au bout d’un moment, on s’arrache les ongles en grattant la terre.
On fait sortir le désagréable, le négatif mais on ne fait pas entrer la vie, et on ne fait pas entrer de l’oxygène dans les poumons.
On me donne souvent des conseils aujourd’hui, mais ce sont des détails.
Je ne me souviens pas des conseils les plus moches.
Quand j’étais sensible à ces mauvais conseils, c’était il y a longtemps, je ne les ai pas gardés en mémoire.
Par contre, le pire conseil que je me suis donné, c’était quand j’étais gamin.
J’ai vu un adulte qui avait la même maladie que moi.
Il était sous oxygène, avec la bouteille dans le dos.
Je me suis dit : « le jour où je suis comme lui, je me tire une balle».
C’était de la merde.
Tant que tu n’es pas en situation, tu ne peux pas savoir comment tu vas réagir.
En décembre, on m’a mis sous oxygène car j’étais en détresse respiratoire.
Bon.
Je ne me suis toujours pas tiré une balle.
Ce n’est pas grave.
J’irai jusqu’où j’irai.
En continuant à me battre, car ça fait partie de la vie.
On peut être parfois son pire ennemi.
Dans mes valeurs, il n’y a pas la santé.
En fait, elle y est, mais en dernière, sur ma liste de 6 valeurs.
Quand je l’ai remarqué, je me suis dit: «quoi, je passe 5h par jour pour mon bien-être, et cette valeur est la dernière ?»
Mais en fait, si je respecte mes autres valeurs, la santé en découle.
Et puis, on n’a pas besoin d’être en bonne santé pour être heureux.
La santé, c’est subjectif.
On peut très bien être heureux avec de l’oxygène dans le nez, savourer un rayon de soleil, observer la rosée sur les mauvaises herbes du jardin et sourire à sa copine…
C’est ça le bonheur, il n’y a pas à chercher plus loin.

Dans le domaine du sport, on parle souvent de la santé, même si le sport n’est pas lié forcément à la santé. Il y a ce «je dois» faire ça pour être en bonne santé. Mais si dans nos valeurs, nous avons liberté, fun et apprentissage, je ne vais pas me contraindre à faire du yoga parce que c’est bon pour la santé, mais plutôt de l’escalade. Que ça ne devienne pas un carcan. C’est un peu tabou aujourd’hui dans le domaine du sport de dire que la santé n’est pas ma priorité. Donc, la santé, ce n’est pas forcément le bonheur, mais le bonheur, ça contribue à la santé.
Si tu pouvais te rencontrer quand tu avais 26 ans, à cet âge où tu as quitté ton canapé, quel conseil te donnerais-tu ?

Paul Fontaine :
N’aie pas peur de souffrir.
Ouvre-toi, sois vrai et authentique.
Ouvre ton cœur.
Un peu comme Jésus, le roi des chefs des Bisounours.
L’amour, et puis tu vois ce qui vient.
Et ça permet de faire le tri dans ses relations.
Et puis, hop, plonger dans l’aventure.
J’ai envie de faire un marathon, ça me fait kiffer, alors, j’y vais.

Es-tu convaincu de quelque chose que les autres considèrent comme une folie?

Paul Fontaine:
Marathons, mont-blanc…
Je suis comme toi, je suis un utopiste.
J’ai envie de croire que c’est possible.
Toujours, tout le temps.
Parfois, les gens ont du mal à te suivre.
On te qualifie de Bisounours.
Mais non, c’est possible.
La différence entre un Bisounours et un Paul Fontaine ou un Mickaël, c’est que derrière, on agit.
Demain, ce sera meilleur qu’aujourd’hui, car j’ai envie d’y croire.
J’ai envie de croire à l’idée que je pourrai respirer à 100%.
Un cancer, c’est une mutation génétique généralisée.
Et que des gens guérissent du cancer sans faire de chimio, ça existe.
Donc on doit pouvoir le faire.
On doit pouvoir changer son ADN.
C’est juste que ça n’a pas encore était fait.
Mais si tu vas voir un Cro-Magnon, et tu lui dis «mec, on a marché sur la Lune».
Ou un maître inquisiteur, et tu lui dis qu’Usan Bolt c’est un noir, et il court le 100m en moins de 10 secondes, il va te brûler direct.
C’est juste que ça n’avait jamais été fait.
Quand tu regardes des films comme Lucy ou Interstellaire…
La science-fiction est souvent la réalité de demain.
Comme disait Dyne Marshall : «les rêves d’aujourd’hui sont la réalité de demain».
Donc, tout est possible.
Ça parait perché aujourd’hui…
Mais j’en ai rien à foutre de ce que pense les autres.
Si je suis en vie aujourd’hui, c’est parce que j’y crois.
Je pose des actions tous les jours.
L’important, ce n’est pas la victoire, c’est les actions que je pose depuis 10 ans.
Si je suis encore là aujourd’hui, c’est grâce à ses actions, je le sais très bien.
Qu’on me croie ou non, ça n’a aucune importance.
Si tu veux croire à une croyance ressource positive, même si elle est totalement perchée…
Du moment qu’elle te fait te lever le matin et poser une bonne intention pour la journée, vas-y.

Un livre que tu aimes bien offrir ?

Paul Fontaine:
Plein.
Les 4 accords toltèques de Miguel Ruiz.
Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, de Lise Bourbeau
Conquérant de l’impossible de Mike Horn
La Panthère des neiges de Sylvain Tesson
Deux petits poids sur le sable mouillé, écrit par Anne Dauphiné Julian. C’est une mère de deux filles vivant avec la leucodystrophie.
Suivi d’un film : Elle est mistral gagnant.
Dans le livre, elle raconte son combat pour la vie. C’est un livre à lire avec la boite à mouchoir à côté. Mais c’est génial. Ce n’est pas un livre triste.
Les gens ont peur de souffrir. Mais n’ayez pas peur.
Ce livre est un putain de message d’espoir.
Elles se battent jusqu’au bout du bout du bout.
Et le Petit Prince. Il y a tout dedans. Tous les bouquins qui ont été fait. C’est un génie.
Tu peux passer tout ton temps à faire une analyse du Petit Prince.

Lorsque j’ai présenté ma ceinture noire en Aïkido, j’ai rendu un essai en citant le Petit Prince. En lisant la scène du Renard, j’ai eu les larmes aux yeux, ça correspondait tellement pour moi et l’aïkido. Donc, oui, il y a tout dedans. Malgré ou grâce un langage d’enfant.

Paul Fontaine:
Mais on est tous des enfants !
Tellement de gens l’ont lu et n’ont rien compris.
Il faut juste se plonger dedans.

Une dernière question que tu aurais voulu que je te pose ?

Paul Fontaine:
Je m’engage de plus en plus envers l’environnement.
Minimalisme, zéro déchet, et aussi dans la politique locale.
Penser ses achats en regard de nos valeurs.
Avec ma chérie, on n’achète pas un produit, mais des valeurs d’entreprises.
Si ma valeur, c’est l’amour, je n’achète pas de fringue fabriqué au Bangladesh par des enfants.
Sinon, ça n’a pas de sens.

Je te remercie Paul !

Paul Fontaine:
C’est moi, j’ai passé un super moment !

Pour respirer encore un peu avec Paul Fontaine !

Et vous, c’est quand que vous mettez de l’aventure dans votre vie?


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