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Minimaliste ? Simpliste ? Utopiste ?
Je n’aime pas les étiquettes. Quand j’en ai une, elle me colle au dos et finit par me gratter. Alors, je l’enlève, je l’arrache.
Bien sûr, c’est plus rassurant de pouvoir ranger les gens dans des cases : coureur de route / traileur, minimaliste / grosses chaussures, végan / carnivore…
En regard de la complexité de la réalité, c’est même une nécessité psychologique de catégoriser.
Au lieu de lutter contre, il est bien plus intéressant de développer de l’agilité mentale.
Pouvoir rapidement prendre en compte de nouveaux éléments pour enrichir un concept.
Et être prêt, à tout moment, à lâcher tel mot qui nous plaisait tant pour épouser autre chose, ou rien du tout -pour le moment-.
Et lorsque les choses se compliquent, simplifier. Enlever, même momentanément. C’est peut-être pour ça que parfois, dans le dos,sur mes pieds et dans mon mode de vie, on peut lire minimaliste.
C’est alors que tout s’est éclairé, que le vrai secret des tarahumaras m’est apparu.
Ils ne préparent par leurs courses.
Ils ne s’entraînent pas pour la gloire et ne se soucient pas de diététique.
Ils mangent et courent pour survivre.
Pour se déplacer, ils utilisent leurs jambes.
Pour utiliser leurs jambes, ils doivent être en bonne santé.
Courir et manger sont des activités vitales, voilà le premier grand secret de la vitesse, de l’endurance et de la santé des tarahumaras.
Le deuxième, dont j’essaie de me souvenir tous les jours, c’est que, lorsqu’ils vont d’un point à un autre, ils ne sont pas dans un espace géographique, mais bien au-delà, dans une zone hors de portée des cinq sens.Ils courent et vivent avec une grande efficacité, sans se poser des tonnes de questions.
Ils ne refusent pas le progrès technologique parce que c’est à la mode ni pour des raisons politiques.
Ils l’adoptent sur le champ quand il est accessible et leur apporte vraiment quelque chose.
Ils n’hésitent pas à sauter dans un pick-up pour se déplacer ni à améliorer leurs huaraches avec de vieux morceaux de pneus.
C’était exactement ce que je cherchais à faire : marier intuition et technologie.
Eat and Run, Scott Jurek(si tu veux lire la chronique de ce très chouette livre : Eat and Run, parfois, il faut juste faire les choses… )
Les tarahumaras ne sont pas minimaliste.
Ce ne sont pas des êtres parfaits, préservés de la vilaine civilisation.
Les tarahumaras vivent comme ils peuvent.
Et ne se prive pas de la technologie au besoin.
Parfois, à tord. Parfois, à raison. Qui sommes-nous pour juger ?
Soyez agile !
C’est tentant de se raccrocher à des étiquettes. Un sentiment d’appartenance à un groupe, d’être reconnu pour nos spécificités. Il suffit de voir sur Facebook le nombre de groupe pour des minorités : minimalistes, vegan runner, marathonien, iron man…
C’est une richesse tant que cela nous donne de l’énergie pour agir.
C’est une richesse tant que cela nous permet de nous sentir plus légitime dans nos choix de vie qui sortent parfois de la norme.
Du moment que cela va vers l’action et l’ouverture, c’est magnifique.
Cela devient un frein à partir du moment où cette étiquette nous définit, nous enferme. Si cela nous empêche de faire certaines choses, car voyons, je suis minimaliste, je ne peux pas courir avec des chaussures à amorties…
J’adore lire des biographies de grands coureurs.
Déjà, cela permet de mettre ces êtres exceptionnels à ma portée : ils ont des défauts, beaucoup. Ils ont fait des erreurs, beaucoup. Du coup, leur réussite semble plus atteignables, toute proportion gardée.
Et surtout, c’est inspirant. Ils ne se laissent pas piéger par des concepts. Au besoin, il redéfinissent leurs concepts. Ils créent leurs vies. Ils font de leurs vies une œuvre d’art.
L’agilité, le mouvement, c’est la vie. La course à pied est mouvement. Soyez comme les tarahumaras : juste humain.
Usez de votre discernement pour choisir ce qui est mieux maintenant pour vous. La perfection n’existe pas. Mais l’optimaliste, si (le fait de faire les meilleurs choix dans ce cas précis).
Soyez simple !
Pour la course, ce n’est pas un secret. Plus on est léger, moins on va dépenser d’énergie. Sur le plan physique, c’est d’une logique imparable. Sur le plan mental, pour être agile, mieux vaut être simple.
Simple, c’est ce petit mot qui peut à la fois être positif et négatif.
Simpliste, c’est mauvais.
Simplification, ça peut être positif
Simplicité, c’est positif.
Simplet, c’est vraiment pas positif.
Alors, c’est quoi être simple ?
Être simple, c’est discerner la substantifique moelle de ce qu’on souhaite (j’adore cette expression).
Écoutons Wikipédia :
Extraire « la substantifique moelle » de quelque chose, c’est en retenir ce qu’il y a de meilleur, de plus précieux ou de plus profond.
Quand on se sent lourd, perdu, plus de motivation… Simplifions.
Allons vers plus de simplicité.
Et loin d’être simplet, il s’agit justement de faire preuve de réflexion.
Une réflexion épurée pour amener une seule réponse.
Qu’est-ce qui est le plus précieux, le plus profond ou le plus important pour moi ?
Est-ce de courir, ou de poster une photo de ma course sur Instagram ?
Est-ce de courir, ou de me sentir athlète dans ma tenue high-tech ?
Est-ce de courir, ou de récolter de la data sur ma montre ?
Est-ce de courir… ou autre chose ?
Quand les choses, objets et concepts, commencent à nous posséder, ou plutôt à nous déposséder, il est temps, afin de retrouver un peu d’agilité, de simplifier notre existence. Cela peut passer par les objets, par nos occupations, nos attentes, nos concepts, nos relations…
Mais si notre substantifique moelle, notre grand projet, notre cloud est clair, alors, oui, on peut construire. Oui, on peut « marier intuition et technologie ».
Pour conclure…
Je voulais juste écrire ce que ce passage d’Eat and Run de Scott Jurek m’a inspiré. Maintenant, assez parlez, allons courir. Qui veut venir 😉 ?
C’est une anti-conclusion. Conclure, ce serait à l’encontre de ce que je veux faire passer. Alors, j’ouvre. J’ouvre les commentaires, n’hésitez pas à réagir. Que ce soit pour vous, pour moi, ou pour les autres lecteurs 🙂