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Stéphane Janssoone est instructeur Wim Hof. Derrière chaque instructeur Wim Hof se cache un être humain avec des capacités visuellement étonnantes. En fait, ce sont des superhéros. Et moi, j’aime bien les superhéros. Surtout quand ils me disent que je peux aussi en devenir un. Et mon voisin aussi, d’ailleurs. Et vous.
Devenir un superhéros, ça veut dire courir plus longtemps. Mais aussi courir en meilleure santé. Vivre mieux. Avoir un but, une mission. Ou non. Ou tout simplement vivre de manière paisible, avec le sourire.
Je vous présente donc Stéphane Janssoone !
Comme pour chaque interview, lire la retranscription c’est bien, mais je ne pourrai jamais rendre avec des mots la profondeur émotionnelle de la voix. Donc, si vous pouvez écouter le podcast, c’est encore mieux. 😉
Bonjour, Stéphane Janssoone, merci de m’accorder du temps.
Tu es instructeur d’une méthode qui devient de plus en plus en vogue, allant jusqu’à bousculer les dogmes scientifiques bien en place. C’est la méthode Wim Hof. Est-ce que tu voudrais bien la présenter puis en même temps te présenter ?
Stéphane Janssoone :
Oui, présenter la méthode Wim Hof, volontiers.
Wim Hof est un Hollandais de 60 ans, qui a eu un parcours dans le Yoga notamment, qui a eu quelques périodes de vie compliquées qui l’ont amené à se reconnecter à la fois à la nature et à sa nature profonde aussi, à sa propre nature.
Et finalement à mettre en place un certain nombre de principes de vie, d’exercices, qui peuvent se regrouper en trois axes principaux :
- La respiration.
- Le travail sur le mental, la concentration, le focus.
- Le contact et l’immersion dans le froid.
Les trois piliers fonctionnent ensemble. Cette méthode a un certain nombre de bénéfices très variés : physiologiques (au niveau du corps, du système vasculaire, du système immunitaire, sur la capacité respiratoire de l’organisme), mais aussi au niveau du mental. Des bénéfices qui vont nous permettre de travailler cette force mentale, cette détermination, cet engagement, cette concentration, tout en tutoyant un petit peu nos peurs et nos croyances limitantes, donc c’est un vrai outil de développement personnel.
Et puis quand on pratique la méthode suffisamment régulièrement et en allant un petit peu rechercher ces éléments, on va pouvoir déboucher sur des niveaux un peu plus « spirituels », entre guillemets.
Dans le sens où on va ressentir, vivre, ce qu’on appelle communément le « lâcher-prise », qui est un concept assez facile à comprendre quand on le lit, mais il n’est pas forcément évident à vivre.
Et l’immersion dans le froid ou dans le très froid, puisqu’on parle de bains à 1°C par exemple, ou de randonnées par -10°, -15° torse nu et en short, on va être du coup à la fois très centré sur soi, mais en observation de tout ce qu’il se passe à l’extérieur.
Donc pas impliqué directement sur les sensations, mais bien en observation.
D’accord. Mais alors quel est ton parcours ? Comment un être-humain normalement équilibré se retrouve par exemple à randonner en petite tenue ou à se plonger dans de l’eau froide à 1°C ?
Stéphane Janssoone :
Bon alors d’abord, je ne sais pas si je suis normalement équilibré…
Mais partons de ce principe…
J’ai un parcours multiple.
À la base j’étais triathlonien professionnel jusqu’en l’an 2000.
Ensuite, j’ai eu un parcours dans l’industrie du sport où j’ai géré et développé des marques de sports.
Puis plus récemment, il y a 5-6 ans, j’ai vraiment accéléré mon apprentissage, entre guillemets, de techniques de développement personnel.
Pour en faire une partie de mon métier aujourd’hui puisque j’accompagne à la fois des individus et des organisations.
Et dans tout mon parcours en fait, j’ai toujours recherché les choses qui pouvaient nous permettre de nous retrouver, de mieux nous connaître.
Le sport a été un aspect très important pour moi dans cette dimension, puisqu’il s’agissait vraiment d’être confronté à soi ; en plus je faisais du triathlon donc c’est un sport très individuel.
Et puis plus j’avançai, plus j’ai essayé de comprendre comment le corps fonctionnait.
J’ai fait 5 ans de médecine chinoise et acupuncture, pour ensuite arriver à des niveaux un peu plus subtils comme le mental ou l’esprit, pour comprendre comment tout ça fonctionnait ensemble.
Et quand on m’a parlé du froid la première fois, la première réaction que j’ai eue c’était une peur en fait.
Parce que j’ai toujours eu une aversion au froid, je me souviens de certains triathlons où l’eau était très froide, genre 11-12°C, c’était vraiment un cauchemar pour moi d’y aller et quelques moments de vie qui étaient liés au froid et qui faisaient remonter en font ces peurs.
En général, quand on cherche à se développer, ça peut être bien d’aller visiter ses peurs tout doucement, avec prudence, donc j’ai décidé de commencer à prendre des douches froides, de commencer à respirer comme Wim Hof le montrait dans ses applications, et puis de fil en aiguille je me suis dis que c’était bien d’essayer d’aller à la source, d’essayer d’aller le rencontrer, et de prendre part à ce parcours de formation d’instructeur certifié.
Ce qui m’a permis d’aller randonner par -15°, comme je le mentionnais tout à l’heure, et de vivre vraiment un moment incroyable où d’un seul coup on découvre que toutes les limites qu’on s’imposait soi-même, ou que l’environnement dans lequel on baigne nous impose, étaient largement dépassables et qu’en se confrontant comme ça à une nature rude, mais juste, on arrivait à identifier des ressources, plus que l’on ne le soupçonnait.
Et en quoi alors la méthode Wim Hof, donc sur les trois piliers que tu as cités, en quoi ça peut aider les coureurs ?
Stéphane Janssoone :
Oui on pourrait faire un petit focus sur les coureurs, mais c’est surtout à destination de tout le monde cette méthode.
C’est finalement se reconnecter à des éléments de notre nature humaine qu’on a parfois oubliés, la première étant la respiration ; il y a un paradoxe dans la respiration c’est qu’elle se déroule sans nous la plupart du temps, mais pour autant, on peut aussi agir dessus consciemment.
Et les textes anciens, qui viennent du Yoga, du Tao ou du Qi Qong mettent la respiration au centre, de même que les arts martiaux.
Dans notre vie quotidienne, on se lève le matin, on se couche le soir et à aucun moment, ou très rarement, on n’a prêté attention à ce rythme, on a laissé les choses se faire, tant bien que mal.
Alors qu’en on découvre que le fait de placer sa conscience sur la respiration modifie certains paramètres, pour agir sur notre physiologie, bah d’un seul coup c’est une vraie porte d’entrée sur notre système nerveux et on arrive vraiment à équilibrer notre fonctionnement.
Il faut bien comprendre qu’on est dans une vie aujourd’hui où on est sans cesse en activité.
Du moment où on pose le pied par terre jusqu’au soir, on a au minima un petit écran dans la main qui nous sollicite, ou sinon on est dans l’interaction, ou en train de travailler, ou en train de vivre des choses…
Mais il y a très rarement des moments de pause. Ce qui fait que notre système nerveux a plutôt tendance à être activé en permanence et la place laissée au repos, qui devrait en toute théorie être assez équilibrée entre la phase active et la phase repos, est vraiment réduite.
Donc tout ça à force créé des déséquilibres et nous éloigne, à la fois de notre nature profonde, mais aussi de la nature.
Et c’est là que le froid rentre en compte. On va aller visiter certains extrêmes comme le froid ou même le très chaud.
Wim Hof a aussi fait des marathons dans le désert, sans boire, par 45°C, donc le très chaud est aussi une source de stress et de stimulation qu’il faut apprendre à appréhender.
L’idée c’est de se dire :
Voilà, regardons la nature, regardons ce qu’elle propose et à quel point on s’en est écarté. La nature a des saisons, la nature a des changements de température, des changements d’environnement, de climats.
Et nous on a décidé, humains, de se mettre dans des bâtiments qui ont plus ou moins toujours la même température, le même confort, en se disant que ce confort était juste pour notre santé . Or c’est tout l’inverse puisqu’en se mettant dans ce confort on est dans une situation très statique, alors que la nature, elle, est dynamique, cyclique. Et il n’y a aucune raison qu’on en fasse plus partie.
Donc la proposition de Wim Hof est de se reconnecter avec cette nature. De se remettre dans ces cycles, pour qu’en interne aussi, dans notre physiologie, ces cycles aient à nouveau de la place.
Dernièrement j’ai entendu parler du « Bio-hacking », est-ce que ça rentre dedans ?
Stéphane Janssoone :
Oui, tout à fait.
C’est une forme de bio-hacking dans le sens où on va modifier un certain nombre de paramètres physiologiques.
Du coup, je m’aperçois que je n’ai pas répondu à la question qui sur les bénéfices qu’on pourrait avoir en tant que coureur.
Il y a effectivement, déjà, une utilisation du système vasculaire et respiratoire.
C’est-à-dire que les exercices de respiration, plus la partie « froid », vont vraiment travailler notre système vasculaire.
Il faut bien comprendre que notre réseau vasculaire, qui est quand même conséquent puisqu’il fait plus de 100 000 kilomètres…
On a 100 000 kilomètres de réseau de veines, d’artères ou de capillaires, qui transportent notre sang au contact de nos cellules.
Donc ce système vasculaire, pour que le sang puisse voyager, a des microcontractions sur des muscles qu’on appelle les muscles lisses, qui entourent les veines et les artères, sauf que ces muscles ne peuvent pas être contractés par la volonté.
Je ne peux pas décider là, maintenant, tout de suite, de contracter mes veines ou mes artères, tout seul.
Il y a une manière qui permet de le faire, c’est justement les variations de température ; quand on est dans le très froid, le système se contacte et quand on est dans le plus chaud, le système se dilate. On assiste à une alternance de contraction/dilatation qui va permettre de renforcer ce système.
Si ce système périphérique est plus efficient, alors le système central qui est le cœur, au niveau vasculaire, va avoir à fournir moins de travail.
C’est déjà un impact important, parce que pour les sportifs d’endurance comme tu mentionnais, quand on fait un trail de 170 km par exemple, ou même moins, le cœur à un rôle énorme à jouer. Donc plus on va le préserver, plus on va optimiser ce transport d’oxygène dans tout notre corps, meilleur on sera et mieux on va vivre cette expérience.
Côté respiration, on va apprendre à mieux utiliser l’oxygène, on va apprendre à mieux tolérer le dioxyde de carbone, qui est le signal dans le corps qui nous donne l’ordre de respirer.
On va aussi permettre de mieux équilibrer cette présence d’oxygène CO2 et du coup, à terme, avoir un impact direct sur le pH, donc l’acidité ou la basicité de notre corps.
Sachant qu’on a des environnements aujourd’hui, que ce soit à travers la nourriture, dans les boissons, à cause du stress en permanence, qui font que notre corps a plutôt tendance à être acides, ce qui crées donc un terrain favorable à des blessures, à des inflammations, voir à des maladies.
Grâce à une meilleure oxygénation, régulière, fréquente, confiante, on va pouvoir ramener un petit peu de caractère basique dans ce corps, pour élever ce qu’on appelle le pH : la mesure de cette acidité/basicité, et donc crée un environnement propice au développement cellulaire et à l’activation des cellules.
Voilà pour la partie physiologique.
Après j’ai parlé du mental, j’ai parlé du focus, j’ai parlé de la détermination…
De la résilience aussi , parce que lorsqu’on est dans de l’eau froide à 1°C, c’est agréable pour personne.
C’est juste un conditionnement mental : comment je vis l’expérience.
Et c’est pareil quand je suis dans une côte en trail. Quand ça fait une demi-heure que je suis dans ce dénivelé et que j’en bave, ce côté résilience c’est un petit peu ce qui va faire la différence avec mes partenaires de compétition.
Tu es un ancien triathlonien, mais j’imagine que tu continues à être bien actif. Quelle est ta routine d’entraînement ?
Stéphane Janssoone :
J’ai fait le choix aujourd’hui d’habiter une région magnifique qu’est Annecy, dans laquelle il y a plein de sports à disposition.
Il y a la montagne, le lac, donc il y a le ski l’hiver, tous les sports d’eaux l’été. il y a beaucoup de choses à disposition.
L’enjeu pour moi, en vieillissant, est de garder un corps qui me permettra d’accéder aux disciplines que je décide de faire.
J’ai un entraînement régulier sur une seule discipline avec pour objectif de faire des compétitions, mais je souhaite pouvoir, le plus longtemps possible, faire l’ensemble des choses qu’Annecy propose. Donc j’ai choisi de faire d’un côté du Yoga et de l’autre côté du CrossFit. Et là aussi on est sur des extrêmes.
Le CrossFit est un sport très intense, très court, mais très intense, très varié aussi ; le Yoga est une discipline plus douce, davantage lié sur les étirements, sur l’introspection ; et donc j’essaye d’avoir les deux éléments qui se complètent l’un et l’autre, de manière à préserver cette capacité physique le mieux possible.
Ça, c‘est pour la partie sport.
Tous les matins je fais la méthode Wim Hof.
C’est-à-dire que tous les matins j’ai trois cycles de respiration Wim Hof, j’ai quelques exercices de Yoga pour travailler ma concentration et puis, en général, un bain froid, ou une douche froide, en fonction de ce qui est à ma portée.
J’ai la chance d’habiter en face du lac d’Annecy et en ce moment il est à 4-5°C, donc c’est parfait pour le matin.
Et donc tout ça me permet d’avoir ce rituel quotidien d’expérimentation du froid et de la respiration.
Je suis coureur et je souhaite courir un jour des ultras-trails et l’on m’a embarqué dans une aventure un peu atypique : il s’agit, d’ici quelques mois, de courir 100 km à jeun. Alors, si le fait de le faire à jeun ne m’inquiète pas, parce que pour ça je m’entraîne avec des jeûnes intermittents et des jeûnes courts, par contre je n’ai pas le niveau actuellement pour courir 100km. Alors, est-ce que, d’après toi, il est possible d’hacker la progression habituelle pour y arriver ?
De manière concrète, qu’est ce que tu pourrais me conseiller de mettre en place pour cela ?
Stéphane Janssoone :
Quand j’entraînais en triathlon, j’avais la chance d’entraîner des gens qui avaient un métier et donc qui travaillaient entre 39h et 45h par semaine, comme beaucoup de gens, et qui en plus avalaient entre 15 et 20h d’entraînement par semaine. Et donc souvent je leur disais, la première question qu’on doit se poser c’est « pourquoi ? ».
Parce que c’est important dans motivation, c’est « qu’est-ce qu’on recherche » et « pourquoi on fait les choses ».
C’est le premier conseil que je me permettrais de donner, c’est d’essayer de répondre à cette question, car elle conditionne déjà pas mal d’autres choses.
Ensuite, quant à la partie hacking, c’est dans quelques mois, c’est ça, ton épreuve ?
Oui.
Stéphane Janssoone :
Donc tout dépend d’où tu pars au niveau préparation physiques et capacités à courir sur de telles distances.
Je te conseillerais d’abord de travailler sur ta respiration et vraiment rechercher à optimiser tout ton système respiratoire, de manière à bien irriguer ton organisme, bien gérer les déchets aussi, parce qu’il y en aura forcément.
Et pouvoir te réfugier dans cette respiration, qui deviendra un vrai refuge pour le coup, une fois que tu l’auras bien travaillé au niveau conscience, où tu pourras te réfugier quand les moments seront plus difficiles.
Et de manière à garder cette distance avec les éventuelles sensations que tu vas recevoir, sensations musculaires, douleurs, sensations cardio-vasculaires…
De te recentrer sur la respiration va notamment te permettre de passer ces étapes une par une de manière plus efficiente et plus agréable.
Après, sur la préparation physique proprement dite, il y a tellement de méthodes pour apprendre à courir sur 100 km… Mais il y a quand même une leçon que j’ai tiré d’un grand monsieur du trail qui s’appelle Sébastien Chaigneau, que j’ai eu l’occasion de côtoyer à travers les marques que j’ai développées en France, qui m’avait dit :
« Finalement le trail c’est d’abord de la descente. Et apprendre à descendre c’est une grosse partie de gagner sur le fait de faire un trail ».
Parce qu’une descente c’est technique et c’est souvent dans la descente que tu laisses un maximum d’énergie et de fraîcheur physique ; c’est une phase excentrique, donc ça va forcément abîmer, traumatiser les fibres musculaires et à force de répétition, ça peut vraiment te compromettre la phase de course en plat ou en montée. Donc lui conseillait vraiment de mettre un focus sur cette partie descente.
Ok. Donc, avant tout, le mental et la grande raison, le « pourquoi ? », puis la respiration et après les petits trucs et astuces, comme le focus sur la descente.
Alors maintenant, une question plus personnelle : quels sont les choix qui ont fait de toi, ce que tu es ?
Stéphane Janssoone :
Étonnamment j’ai eu peu de choix à faire dans ma vie jusqu’à présent.
C’est vraiment là, entre 40 et 44 ans que j’ai dû faire des choix.
C’est souvent à ces moments de vie qu’il y a des choses qui se bousculent, mais avant ça j’avais l’impression que l’intuition me suffisait. C’est-à-dire que la vie me présentait des choses et que je n’avais pas vraiment le choix, ça se présentait, j’y allais.
Quand j’ai décidé de faire du triathlon, ça s’est mis en place comme ça, j’ai fait un triathlon avec des potes et puis d’un seul coup, je me suis pris au jeu et en se prenant au jeu on fait des compétitions et en faisant des compétitions, on gagne quelques courses, et de fil en aiguille en se retrouve en équipe de France universitaire, mais sans jamais avoir rien demandé.
La première partie de ma vie, je me suis vraiment laissé porté, puis là, la deuxième partie de vie avec des choix qui s’imposent, parce que j’ai vraiment envie d’accomplir des choses pour le coup, là, me reformer, retourner à l’école, me former sur pleins de choses, ça a été une vraie décision.
Si je devais retenir quelques petites choses qui sont importantes pour moi, c’est : apprendre.
J’ai toujours eu besoin d’apprendre, des choses nouvelles…
J’ai toujours eu besoin de comprendre ce qu’il se passe aussi, un besoin de compréhension.
Ensuite c’est regarder les signes.
Ça veut dire « qu’est ce que la vie me présente ? Qu’est ce qu’il se passe ? Qu’est ce que j’observe ? Et à quel point c’est juste ou pas juste pour moi ?».
Ça me permet de me guider.
Et il y a une troisième notion qui est le ressenti.
Je ressens peut-être plus les choses d’un point de vue intuitif que mental.
Il y a une part d’analyse, bien sûr, mais il ne faut pas qu’elle occulte se ressenti.
Ensuite, essayer de préserver une forme de liberté. C’est peut-être le plus important.
Et finalement les seuls moments où j’ai ressenti de la peur, par rapport à des évènements ou des choix, c’est quand j’avais l’impression d’avoir perdu cette liberté.
Donc j’essaye d’être vigilant sur ces aspects-là.
Quel est le pire conseil que tu aies entendu ? Soit dans la vie en générale, soit plus particulièrement dans ton domaine au niveau du coaching ou du côté sportif.
Stéphane Janssoone :
Alors c’est un conseil qu’on m’a donné quand j’étais jeune manager, quand je suis rentré dans une entreprise, dans la distribution du sport. Il vient de mon patron de l’époque.
Alors, j’étais sportif, j’aimais bien m’habiller en jeans, baskets, t-shirts. Au moment où j’ai commencé à manager des équipes, il m’a dit « il faut que tu changes tes tenues vestimentaires pour asseoir ton leadership».
En gros, il fallait que je vienne en chemise ou en costard pour être respecté et pouvoir emmener les gens et je trouvais ça complètement contraire à ma vision des choses en fait.
C’est un petit peu ce que je fais en accompagnement aujourd’hui, je travaille à l’authenticité.
C’est-à-dire être soi, pleinement soi, être bien avec soi, s’accepter, c’est aussi accepter les autres et leurs différences, mais c’est surtout être authentique.
Et en étant authentique, on ne peut pas être dans l’erreur.
Et finalement on va pouvoir évoluer avec des gens autour de soi de manière juste, alors ça ne plaira pas à tout le monde, mais ça sera vrai.
Ça ne m’a jamais quitté. En me disant finalement non, je ne veux pas me déguiser en me mettant dans une tenue dans laquelle je ne serai pas à l’aise, et puis qui ne sera pas en lien avec qui je suis vraiment.
Donc tu n’as pas suivi ce conseil ?
Stéphane Janssoone :
Non, je suis toujours en jeans, baskets !
Es-tu convaincu de quelque chose que les autres considèrent comme une folie ?
Stéphane Janssoone :
Peut-être pas tous les autres…
Puis « folie » non plus, je ne sais pas si c’est une folie en fait.
Mais en tous cas, dans tout mon parcours, dans tout mon apprentissage de ce qui m’attirait dans la vie, et notamment très petit je me suis interrogé sur le sens, en fait, de notre présence ici.
Qu’était le rôle de l’homme, quelle était sa contribution, quelle était ma contribution à cet ensemble qui était beaucoup plus grand que moi…
Et donc j’ai donné très vite mon accord à ce qu’on appelle le parcours de l’âme.
C’est-à-dire, on a un corps physique. Mais dans ce corps physique s’abrite une âme et il peut y avoir des incarnations successives.
Il peut y avoir une nécessité de cette âme de se confronter à certaines de ses blessures, qu’elle doit régler, avant d’atteindre un état, qui peut-être un état de liberté justement, ou un état d’amour inconditionnel des choses où finalement il n’y a plus d’entrave, il n’y a plus de choses, tout est simple.
J’ai très vite donné mon accord à ça.
Alors j’en suis très loin de cette réalisation, mais du moins ça m’anime et j’observe les évènements, les gens, je m’observe aussi, à travers ce spectre.
Donc je ne sais pas si c’est une folie, mais c’est ce qui m’anime en tous cas.
Un livre à conseiller ?
Stéphane Janssoone :
Alors le dernier en date c’est un livre qui s’appelle « Écouter le silence »de Thierry Janssen, qui a un parcours incroyable.
Il était un chirurgien très performant au début de sa carrière et qui, très vite, s’est aperçu que sa condition de chirurgien ne le remplissait pas totalement en tant qu’homme.
Il a entamé un parcours qui visait à mieux comprendre, là aussi, ce qu’il avait à faire ici et ce qu’il pourrait faire au mieux, avec qui il était.
Il a vécu une expérience qu’on pourrait appeler « mystique », certains l’appellent « l’éveil », mais en tous cas il s’est connecté à un silence et il a réussi à écouter un silence et à donner de l’espace à ce silence.
Ce livre raconte ses états et tout son parcours. Je trouve ça très inspirant.
J’ai lu « La maladie a-t-elle un sens ? » de lui. -J’avais bien aimé le côté où il cherche à donner des éléments de réponses à cette question , « la maladie a-t-elle un sens ? », mais en étant très posé, en ayant une approche assez scientifique et sans prendre parti et surtout sans tomber dans le tout somatique ou le tout psychologique.
C‘est aussi un auteur que je recommande.
Stéphane Janssoone :
Exactement.
C’est un peu la chance d’avoir des gens comme ça.
Et je vais rebondir sur Wim Hof.
Parce que Wim Hof, c’est quelqu’un de très spirituel entre guillemets qui a aussi ses recherches sur le parcours de l’âme et autres, mais autant Thierry Janssen que Wim Hof ont cette capacité en fait à faire le lien entre les deux mondes.
Je m’explique.
Ils viennent du monde scientifique ou alors ils se sont entourés de scientifiques, c’était le cas de Wim Hof ; Thierry Janssen, lui, il est dans un univers scientifique, donc il a toujours cette part en lui, même s’il est attiré par le subtil, par l’invisible, par le non explicable, il a quand même ce besoin de rationnel.
Donc finalement, dans tous ses écrits, il a à chaque fois cette dualité entre le « tiens, je vous dis ça parce que je l’ai senti », ça n’a aucun fondement scientifique, mais voilà comment je pourrais l’expliquer à côté de la science.
Et du coup ça donne quelque chose de très riche.
Et là où on vit une époque merveilleuse en ce moment, depuis 10-15 ans, c’est que la médecine et on va dire, les outils scientifiques progressant, notamment au niveau des neurosciences, on commence à objectiver en fait, ce que les philosophies anciennes, encore une fois tibétaines, taoïstes ou autres, avaient déjà écrit et décrit.
Quand je vous parlais de la respiration et de l’impact de la respiration sur la gestion du stress et la concentration, la santé l’équilibre, tout ça, ce sont des choses qu’on retrouve dans les textes très anciens du Yoga, et aujourd’hui il y a un papier toutes les semaines, scientifique, qui est publié, grâce aux neurosciences, sur « voilà quand je respire de telle manière, voilà ce que ça allume dans mon cerveau et voilà comment ça agit sur mon système nerveux», donc on est en train de vivre un truc fabuleux là, en ce moment !
Trois mots, idées, ou concepts, ou valeurs, qui animent ta vie ?
Stéphane Janssoone :
Il y a la liberté, je l’ai mentionné un petit peu tout à l’heure.
Ça, c’est un élément très fort.
Liberté ça veut dire « liberté d’être soi » en fait, s’autoriser d’être soi et à vivre les choses.
Alors ça ne suppose pas d’être tout seul, ermite, dans son coin.
Ça suppose de vivre les choses avec les autres, mais en étant aligné avec soi. Ça, ce serait la première chose.
La deuxième c’est « découvrir ».
Il y a tellement de choses qui sont en perpétuel changement, qui sont à notre portée, j’adore ça. Je ne cesse de lire ou de regarder des vidéos aujourd’hui, puisque c’est aussi un outil de communication important.
Et puis le troisième, c’est très personnel, mais c’est transmettre.
Il y a une très belle phrase dans le film Lucie de Luc Besson, qui est « de la première cellule, toute la vie n’a été que de transmettre ».
La première cellule s’est transformée en deux cellules, qui se sont transformées et ainsi de suite.
Et j’ai adhéré.
Parce que pour moi, dès que j’apprends quelque chose, en fait, je m’interroge tout de suite sur « comment je pourrais le passer, ce message ».
Donc ça m’aide à la fois à l’intégrer, mais ça me dit aussi « si tu apprends quelque chose ne le garde pas pour toi, ça peut être aussi utile pour d’autres ».
Oui ça me parle bien aussi.
Quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose et du coup, ta réponse.
Stéphane Janssoone :
Ce que je vais faire la semaine prochaine.
J’ai décidé ça il y a huit jours.
J’ai toujours été intrigué par un monsieur, Maurice Daubard, 90 ans, qui vient d’une lignée traditionnelle du Yoga Toumo. C’est un Yoga tibétain qui se connecte au froid.
Il organise des stages l’hiver, et j’ai appelé il y a huit jours, il restait une place, donc je l’ai prise.
Je vais passer une semaine avec ce monsieur où le matin on va méditer dans neige en maillot de bain, faire des randonnées en raquettes en maillot de bain, s’immerger dans des lacs glacés ; et ensuite, en soirée, découvrir tout son enseignement du Yoga. Parce qu’à 90 ans il a beaucoup de choses à nous enseigner et c’est pour moi compléter l’approche que j’ai démarrée il y a 2 ans et demi avec Wim Hof, qui m’a bouleversé, et aller voir aussi du côté traditionnel, on va dire ancestral, dans les traditions tibétaines, ce qu’il pouvait y avoir et comment je pourrais avoir une compréhension encore un peu plus globale de tout ça.
Devenir instructeur Wim Hof… Alors je ne sais pas si tu veux résumer un petit peu l’expérience, mais est-ce que c’est à la portée de tout le monde ?
Parce qu’il y a pas mal de mythes, quand même, qui entourent Wim Hof…
Stéphane Janssoone :
Disons que lui il s’est fait athlète de haut niveau du froid.
C’est-à-dire qu’à un moment donné il s’est dit :
J’ai découvert quelque chose par mon ressenti, c’est incroyable parce que ça peut, effectivement, me garder en bonne santé, me faire voir la vie complètement différemment, m’affranchir de certaines peurs et croyances limitantes donc faire en sorte que je sois vraiment pleinement moi-même, il faut absolument que je partage ça !
Sauf que ça remet tellement de choses en cause…
Il faut frapper fort, donc je pense qu’inconsciemment il s’est dit ! ok, je vais aller faire des records en veux-tu et en voilà…
Donc grimper l’Everest en short, faire un marathon au Pole Nord pieds nus, nager 76m sous la banquise et rester 1h55 dans un bac à glaçons avec les glaçons sur moi, etc.
Il a 26 records dans le Guinness, donc il en a plein ; mais pour lui il explique que c’était une manière d’attirer la communauté médiatique et en même temps d’être suffisamment intéressant pour la communauté scientifique et ainsi de pouvoir commencer un travail avec cette communauté.
Aujourd’hui il y a 14 études en cours, pour lesquelles Wim Hof est un peu le cobaye de base, mais avant ça il a formé des gens et objectivé, grâce à la science, tous les bénéfices qu’il avançait notamment sur la capacité à bio-hacker le système nerveux et le système immunitaire.
Donc, passé ce côté record, on va dire que la méthode Wim Hof est à la portée de tout le monde.
Aller marcher 1h et demie ou 2h en montagne torse nu, c’est étonnamment à la portée de tout le monde.
D’ailleurs, j’organise des stages tous les mois sur Annecy, il y en aura un au mois de mars où il y aura des randonnées, etc.
Parce que je sais que c’est à la portée de tout le monde de rentrer dans un bain froid à 1°C sans lutter, en le gérant, en vivant l’expérience convenablement.
Donc c’est ce qui est magique en fait, c’est que c’est là, c’est tout près. Il suffit de passer le pas et d’y aller. Voilà.
Où peut-on te suivre et avoir des nouvelles de toi ?
Sur internet, sur le site officiel de Wim Hof tu as une page en tant qu’instructeur ?
Stéphane Janssoone :
Oui c’est ça.
Et mon site internet : stephanejanssoone.com.
Sur ce site, j’y présente à la fois ma proposition de coaching, tout le travail que je réalise autour de la respiration, puis j’ai une troisième dimension que j’ai intitulée « le mouvement» parce que, pour moi, que ce soit en coaching individuel ou en équipe, il ne peut pas y avoir en fait que le coaching au niveau mental, il faut que l’émotionnel soit touché aussi, mais aussi le physique, parce qu’on incarne mieux tout ce qu’on travaille, tout ce qu’on vit.
On va mieux le ressentir avec un corps.
Donc, prendre soin de son corps ça fait aussi partie de ma démarche, d’où la médecine chinoise, d’où le sport, de manière à aussi être mieux dans sa vie de tous les jours.
Pour finir, est-ce que tu as une petite anecdote soit qui vient de quand tu étais en formation sur la méthode Wim Hof ou peut-être pendant les stages que tu animes ? Une anecdote à partager ?
Stéphane Janssoone :
Ah, je pense que l’expérience qui m’a le plus marqué, lors de ce stage d’instructorat Wim Hof, ça devait être le premier ou le deuxième soir…
On est en Pologne, à la frontière entre la Pologne et la République Tchèque, dans un hôtel au milieu d’une forêt, fin novembre ou début décembre.
Il fait donc assez froid. Il y a un peu de neige dehors.
Le soir, les instructeurs nous disent : allé, on part dans la forêt et on va à la cascade.
On arrive à cette cascade au bout d’un quart d’heure de marche : mettez-vous dans l’eau.
Donc je ne sais pas, l’eau, avec le courant, on devait avoir un ressenti pas loin des 0 à 1°C.
On se met tous dans l’eau, on ne se connaît pas encore très bien et spontanément on se met tous en cercle.
C’est un cercle humain
On est une trentaine, on se tient par les épaules, on est en cercle et on regarde tous le centre du cercle.
Et puis on est là, on n’a pas d’autres instructions, on ne sait pas, on est juste là dans l’eau.
On respire, on se concentre pour rester dans le froid.
À un moment donné, il y en a un qui prononce un om de Yoga.
Il fait vibrer sa gorge pour activer une partie de son système nerveux, le nerf vagal.
Et tous les trente on reprend ce son.
À l’unisson on prononce ce om.
Il faut imaginer : il fait nuit, on est dans la forêt, il y a une cascade, on est trente gus comme ça dans l’eau et on fait un om.
On est resté plus de dix minutes dans cette eau, ensemble, jusqu’à ce qu’ils nous disent de sortir.
Ça m’a marqué parce que, déjà le moment était beau, et d’un point de vue énergétique, émotionnel, c’était très fort.
Et surtout derrière, ça nous a créé un lien de dingue tout de suite.
On était vraiment dans la communion tous ensemble.
Et on a dû notamment faire un travail qui n’était pas facile, c’est qu’il fallait que chacun amène une anecdote personnelle qui pouvait motiver, en fait, la volonté d’être instructeur.
Et devait la partager avec le groupe.
On a eu des moments de partage où on sentait, en fait, que les histoires que certains partageaient, ils ne les avaient jamais partagés ailleurs ou avec quelqu’un d’autre.
Mais qu’ils avaient senti en un ou deux jours de connexion, que c’était le bon endroit et les bonnes oreilles.
Et ça m’a marqué. En très peu de temps on pouvait fédérer trente personnes de dix-huit nationalités différentes, avec des parcours de vie complètement différents, juste parce qu’on avait vécu ce moment fort et qu’on était, je pense, aligné avec qui on était, chacun.
Donc ça, c’est une mémoire très forte de ce stage.
Très belle anecdote en tous cas. Belle image, dans la forêt, la nuit… En Pologne… Merci. Et bien, écoute, je te remercie beaucoup de m’avoir consacré du temps.
Stéphane Janssoone :
Avec plaisir.