No Pain No Gain : Pourquoi vous ne pourrez pas progresser en course à pied

Cet article a été écrit par Sami du blog Le Lièvre en baskets. N’hésitez pas à aller découvrir son blog si l’article vous plaît.

Vous êtes sûrement comme moi.
Vous avez déjà regardé des vidéos de motivation sur YouTube.
Mais si vous savez, ces vidéos où un mec vous crie dessus comme un instructeur militaire pour que vous vous leviez à 5h du matin tous les jours sur un fond de musique style fin du monde.
Je ne vais pas mentir, ces vidéos sont assez efficaces et ne donnent qu’une envie c’est de sortir sous la pluie pour aller courir comme Sylvester Stallone dans Rocky.
C’est peut-être ce que vous avez fait.

Je ne vous juge pas, pendant un temps j’étais totalement accro à ces contenus.

Un vrai toxicomane de la motivation.
Je pense que 95% du trafic internet sur les mots clés « motivation speech » provenait de ma chambre.
Si si, je vous jure !
Pourtant, au fil du temps j’ai fini par me détacher de ces vidéos et de la philosophie du « no pain no gain » qu’elles transmettent toutes.
Et vous devriez le faire aussi.

Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Pourquoi la mentalité « no pain no gain » ne vous mènera nulle part

Je ne sais pas vous, mais je n’aime pas aller chez le médecin.
Vous savez pourquoi ?
Les rares fois où je m’y rends, c’est pour apprendre que mon état physique est du à mes bêtises de coureur.

Quoi, comment ça passer de deux footings le weekend à 70km d’entraînement n’était pas une bonne idée ? Vraiment n’importe quoi ce médecin je vous jure…

J’ai augmenté le volume d’entraînement trop brusquement, je n’ai pas assez écouté mon corps, bref j’ai agi comme un bourrin.
Et c’est normal, quel sport plus bourrin que courir autour d’un stade jusqu’à tomber par terre ?
J’ai fait cette erreur une fois, deux fois, trois fois, et j’ai fini par me demander pourquoi je me retrouvais toujours dans la salle d’attente du médecin.

Alors j’ai réfléchi, et j’ai compris : Quand on commence à courir, on arrive tous avec des idées préconçues sur ce sport dans notre esprit.
Certaines vont nous limiter dans notre progression, d’autres vont nous vers une mauvaise pratique sportive.
Vous ne voyez pas où je veux en venir ?
Je vous explique.
Quand j’ai commencé la course j’avais cette image en tête de l’athlète ultime, celui qui se lève à 5h30 du matin pour aller courir à la lumière de l’éclairage public, sous la pluie, les dents serrés et qui rentre au bord de l’asphyxie à chaque sortie.
Il souffre, il respire mal, ses jambes brûlent, qu’importe, il y retournera le lendemain, et le surlendemain.
Alors quand j’ai commencé à courir, j’ai adopté la même attitude. Je m’entraînais dur, très dur, trop dur même.

Je me mettais dans le rouge, je « sortais de ma zone de confort » comme je me l’entendais répéter par tous ces discours de motivation que j’écoutais avant et pendant chaque footing.
Je finissais mes petites sorties de 35mn complètement à bout de souffle et avec la sensation du devoir fièrement accompli.
J’étais une machine ! No Pain no gain !
Vous pouvez rigoler, mais je sais que je ne suis pas le seul à avoir eu ce raisonnement.
Il suffit de sortir dans un parc et de regarder le nombre de coureurs visiblement débutants qui courent la mâchoire tendue, transpirant à grosses gouttes et avec une respiration… bruyante.

Comme moi, ces coureurs s’imaginent que c’est la seule manière de progresser, et comment leur reprocher ?

Que ce soit à travers les réseaux sociaux ou les médias, on continue de nous vendre un culte de l’athlète surhomme, capable d’endurer ce que le commun des mortels ne peut même pas imaginer.
Alors on s’inspire, on regarde des vidéos, on traîne sur Instagram, et on finit par croire que le secret de la progression c’est la sueur, la souffrance. Plus on se fera mal, plus vite on sera un vrai athlète.
Et puis un jour… crac.

Quand tu n’as jamais fait d’étirements de ta vie et que tu commences à t’y mettre parce que tu as peut être un peu forcé la semaine précédente…


Aussi bien au sens propre que figuré.
Au sens propre car votre organisme aura vite fait de vous rappeler que vous n’êtes pas un surhomme et que toutes les vidéos YouTube du monde n’y changeront rien.
Alors on se retrouve chez le médecin avec un genou qui grince, un tendon d’Achille qui brûle, des mollets déchirés…
Rien de plus efficace pour vous décourager qu’un médecin vous annonçant qu’il va falloir prendre rendez-vous chez le kiné et mettre le frein sur la course à pied.
« Crac » au sens figuré car il est impossible pour un débutant de s’imposer mentalement de devoir courir tout à coup 4,5,6,7 fois par semaine, en particulier en repoussant ses limites à chaque sortie.

Parce que concrètement, courir aussi souvent, savez-vous réellement ce que cela implique ?

Ce sont des sacrifices, des invitations à décliner, des journées à planifier, des vacances à adapter.

Une fois le rush d’excitation classique lié à la découverte d’une nouvelle activité passé, une fois les discours de motivation épique achevés, la course à pied n’est plus si glamour que ça.
Quand vous courez, pas d’équipe de production pour filmer des plans impressionnants, pas d’orchestre symphonique pour agrémenter le parcours, juste vous et la route.
Pour un débutant cela peut être décourageant.

Alors comment faire ?

Très simple.
Vous êtes un débutant, alors agissez comme un débutant.
Quand vous avez fait vos études, vous avez commencé par apprendre à lire et écrire avant de rendre un jour une dissertation ou une thèse.
C’est pareil en course à pied.

On raaaaalllleeeeentiiiiit

Vous allez commencer à courir, doucement.
Et j’insiste sur le doucement. Oubliez le « no pain no gain », oubliez Stallone, oubliez tout ça.
Ça vous mènera soit chez un médecin, soit à l’abandon. La vraie solution, c’est courir lentement, en étant à l’aise, capable de tenir une discussion.
Tant pis si vous devez marcher toutes les 5 minutes pour ça.
Pour ce qui est du volume, je sais que vous avez envie de ressembler aux coureurs élites que vous voyez sur Instagram ou Strava, et c’est normal.
Mais ça attendra.
Commencez par 2 footings dans la semaine, ça suffira.
Non seulement votre corps vous remerciera mais votre esprit aura le temps de s’habituer à cette nouveauté.
Petit à petit courir 30 minutes deux fois par semaine rentrera dans votre zone de confort.
Cela vous paraîtra normal.
Alors il sera temps d’augmenter le volume et le nombre de sortie, et ainsi de suite.

Devenir une machine implique une approche raisonnée et progressive.
Oui vous finirez peut-être un jour par ressembler à ce mec qui enchaîne des semaines à 100km, été comme hiver, mais c’est un long chemin.

La mentalité “no pain no gain” ne doit pas vous inspirer, car elle vous poussera à vouloir tout trop tôt.
Prenez votre temps, et savourez votre progression, comme on dit ce n’est pas tant la destination qui compte que le chemin.

Merci Sami pour cet article !


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