born to run ed. Guerin

Born to Run : Sommes-nous faits pour courir ?

Les tarahumaras sont sans aucun doute une source d’inspiration pour tous ceux qui, comme nous, pensent que courir n’est pas seulement une passion mais d’abord un mode de vie.
Kilian Jornet, préface de Born to Run

Born to Run : je cours donc je souffre ?

C’est le constat de l’auteur, avant le début de sa quête. Born to Run, écrit par Christopher McDougall, publié aux éditions Guérin en 2012, a rencontré un succès fou. C’est devenu un best-seller assez rapidement, chose peu courante pour un livre sur la course à pied.
Le style de l’auteur et les petites bombes qu’il transmet explique certainement cet engouement. Et même des non-coureurs peuvent être conquis.

Qui dit succès, dit détracteurs. Certains de mauvaise foi, d’autres à juste titre.

Le livre est le symbole du minimalisme, et a permis à beaucoup d’autres ouvrages d’explorer cette niche encore timide en France.

Mais ce livre est avant tout un roman d’aventure et une ode à la course à pied ! Que vous couriez pieds-nus ou avec des chaussures de rando (sisi, ça existe!), lire ce livre, c’est recharger ses batteries pour les 10 prochaines sorties !

Si vous ne pouvez / voulez pas lire Born to Run, alors, lisez cette chronique. Si vous envisagez de le lire, lisez-la aussi… 😉

Courir pour souffrir ?

L’auteur ne peut plus courir. Car ça lui fait mal : les pieds, les genoux, les hanches, les chevilles… Et les médecins semblent unanimes :

Le corps humain n’est pas fait pour ce genre d’agression. Le vôtre encore moins.

La course à pied est un peu aux activités physiques ce que l’état d’ébriété est à la conduite : on peut s’en sortir un moment, mais la catastrophe n’est jamais loin.

L’auteur est prêt à laisser tomber la course, devant tant de signes négatifs.
Mais… il paraît qu’il existe, dans des contrées lointaines (au Mexique), une tribu « primitive » courant à longueur de journée. Et sans blessures à répétition.

Born to Run, c’est l’occasion de découvrir des coureurs d’exceptions, parfois mondialement connus, comme Emil Zatopek, Ann Trason, Scott Jurek, Mike Sweeney, le coach Joe Vigil… Entre autres.

Sans oublier ce peuple : les raramuris, plus connus sous le nom des tarahumaras.

Le Peuple qui court

Localisée dans l’état du Chihuahua au Mexique, c’est un peuple pour le moins discret, perdu dans des canyons dangereux, où l’absence de lois en a fait le repère de narcotrafiquants.

Une tribu quasi-mythique de super-athlètes tout droit sortie de l’âge de pierre. Ces tarahumaras semblaient être les gens les plus sains et sereins de la Terre, mais aussi les plus grands coureurs de tous les temps.

Depuis qu’ils se sont repliés loin du monde, il y a 400 ans, les tarahumaras cultivent l’art de l’invisibilité. Beaucoup vivent encore dans des habitations troglodytes à flanc de falaise qui ne sont accessibles qu’à l’aide de longue perches.

Au pays des tarahumaras, il n’y a ni meurtres, ni guerres, ni vols. Pas de corruption, d’obésité, d’accoutumance à la drogue, de mauvais traitements, de pédophiles, de problèmes cardiaques, d’hypertensions ou de dioxyde de carbone

Et on y fait la fête ! Des beuveries assez impressionnantes, qui permettraient notamment de gérer les tensions internes.

Il ne s’agit pas de tomber dans le culte du bon sauvage fantasmé. Si l’auteur rencontre des êtres d’exceptions, d’autres tarahumaras semblent déjà corrompus par une vision du monde moins poétique, pouvant tricher sans remord, et courant de moins en moins. Difficile d’échapper à la mondialisation.

Cependant, ces êtres humains semblent montrer la voie : nous sommes faits pour… courir.

Les canyons, repaire des tarahumaras de Born to RunNous sommes fondamentalement faits pour courir

D’après le chercheur David Carrier et le Dr Bramble, l’Homme s’est redressé pour pouvoir mieux respirer et donc mieux courir.
L’être humain possède des particularités propres utile à la course : les tendons d’Achille (les chimpanzés n’en n’ont pas), des orteils courts et droits, un ligament nuchial (au niveau de la nuque), des fesses imposantes.
Et oui, utiles les fesses : elles restent molles à la marche, mais se contractent quand on court.
Et ce ligament étrange, à la nuque… mais oui, c’est pour pouvoir maintenir la tête droite pendant le mouvement (comme les chiens et les chevaux).

Cependant, quelqu’un chose de très important pour adhérer à cette vision des choses : l’humain est fait pour courir, oui, mais longtemps. Nous sommes faits pour courir des marathons et plus, et non pour aller vite !

Si nous sommes faits anatomiquement et physiologiquement pour courir, il y a des choses qui vont entraver cette capacité naturelle.

À commencer par … les chaussures.

Vous savez, ces trucs ultra-perfectionnés vendus une petite fortune…

Dans Born to Run, aucune pitié envers les chaussures dites « de course », avec le drop, l’amorti, et le tatouin. Preuves à l’appui.

Faites un schéma détaillé de votre pied et vous découvrirez une merveille que les ingénieurs tentent d’égaler depuis des siècles.
L’élément central de ce pied, c’est la voûte plantaire, le plus ingénieux dispositif jamais conçu pour supporter du poids.
Tout le prodige de cette voûte tient dans le fait qu’elle se raffermit sous la contrainte. Plus on appuie dessus, plus ses éléments sont solidaires.
Aucun architecte digne de ce nom n’aurait l’idée de soutenir une arche par le dessous. La pousser vers le haut fragiliserait toute la structure. La voûte est étayée par un réseau hautement résistant fait de 26 os, 33 articulations, 12 tendons et 18 muscles qui s’allongent et se contractent tous à la manière d’un pont suspendu répondant aux normes antisismiques.

À retenir :

  • Les « meilleures » chaussures sont les pires : plus elles offrent de soutien, de compensations et autres technicités, plus elles fragilisent votre corps.
  • Les pieds aiment être « maltraités ». C’est à dire, utilisés. Allez courir pieds nus, au moins sur de l’herbe. Progressivement, cela va sans dire.

L’âge et le sexe n’ont pas d’importance !

Cela mérite d’être écrit en gros et en gras. On considère que de 27 à 64 ans, le niveau maximum que l’on peut atteindre reste le même sur les longues distances…

Et les femmes ne sont pas moins performantes que les hommes.

Courir permettait notamment de… chasser la bête traquée jusqu’à l’épuisement.

En fait, il aurait été étrange que les femmes ne chassent pas avec les hommes, dans la mesure où ce sont elles qui ont le plus besoin de viande. Le corps humain profite mieux des protéines pendant la petite enfance, la grossesse et l’allaitement.
Il n’y a donc aucune raison pour qu’elle ne soient pas au plus près de la viande. Les chasseurs-cueilleurs se déplaçaient en fonction des mouvements des troupeaux. Au lieu de ramener la nourriture au campement, il valait mieux déplacer ce campement pour suivre la nourriture.

Alors, qui est partant pour fonder une tribu de coureurs 😉 ? (dites le moi dans les commentaires !)

Si la « chasse à l’épuisement » peut sembler étrange, c’est normal. Cependant, cela s’explique.

Si vous êtes capables de courir 10km, un jour d’été, vous êtes, cher lecteur, un fléau mortel pour le règne animal. Nous sommes capables d’évacuer l’excès de chaleur quand nous courons, alors que les animaux ne peuvent haleter quant ils galopent.

Et les croyances s’effondrent !

Vous l’avez compris, Born to Run est un livre à lire en tant que coureur, car pas mal de croyances érigées en dogmes s’en retrouvent très fortement ébranlées.

Je vous invite donc grandement à l’emprunter, à l’acheter, ou à partir en courant, livre à la main d’une librairie (euh…), pour avoir une autre vision de la course…

Vous pouvez même cliquer sur le livre ci-dessous. C’est un lien affilié : pour vous le prix reste le même, mais cela ajoute quelques centimes à la cagnotte qui me permet de partager mes aventures avec vous.

Vous avez envie de vous inspirer des tarahumaras pour courir ? Alors lisez l’article Courir comme les tarahumaras.

Je vous laisse sur une dernière citation pour conclure :

« Si vous refusez de croire que vous êtes né pour courir, vous niez non seulement l’histoire, mais aussi ce que vous êtes. » Born to Run

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Commentaires

3 réponses à “Born to Run : Sommes-nous faits pour courir ?”

  1. cool !

  2. […] des raramuris (plus connu sous le nom des tarahumaras depuis la sortie du livre best-seller Born to run de Christopher McDougall), le rarahipa. Les raramuris sont une tribu vivant au Mexique, au milieu […]

  3. […] au fait, si. Vous êtes fait pour courir. Vous voulez des preuves ? Allez voir du côté du livre Born to Run de Christopher […]